Avant de monter sur scène pour y balancer ses punchlines, Antoine faisait des hardflips à Bercy ou des backtails à Austerlitz… Dix ans plus tard Bercy n’est plus, Auster‘ a bien changé, et Antoine aussi. Après quelques featurings et autres EP’s, son premier album bien-nommé Flip est sorti en juin 2017 et n’annonce que du bon, dont un morceau intitulé Bryan Herman…
Tu as vraiment eu la dégaine de Chris Cole ?
Ah ah ! C’est vraiment une façon de parler, en vrai j’ai juste toujours trouvé qu’il avait une dégaine de hobo américain qui skate alors que trop pas en fait… Et puis la rime avec San Francisco était cool !
T’étais plus en mode Pissdrunk…
On m’a très vite donné ce surnom (‚Pissdrunk‘ – NDLR) quand je venais skater à Bastille (à Paris – NDLR) avec des slims que je me fabriquais, des jeans pas du tout élastiques que je resserrais et qui se déchiraient en une session. Je détestais ce surnom au début puis ça s’est transformé en ‚Pidi‘, c’était encore pire !
„LE RAP, C’EST MON MÉTIER, LE SKATE C’EST UNE PASSION“
Comment on en vient de Pissdrunk au rap ?
Le rap comme je le vivais au début (open mic, impro, freestyle toute la nuit, etc.) et le skate c’est pareil. T’arrives sur un spot, tu connais personne, tu montres ce que tu sais faire, tu t’amuses et ça crée des liens. Puis tu te fais des bons potes avec qui tu refais la même chose…
A un moment, le rap a pris le dessus sur le skate, non ? Et Flip marque ton retour dans le skate, je me trompe ?
Non, pas vraiment. J’ai jamais arrêté de skater… Flip c’est pour rendre le truc officiel, mais le rap, c’est mon métier, le skate c’est juste une passion, c’est pour ça que je ne peux plus en faire autant…
Crooked grind, La Défense, 2017. Photo : Clément Chouleur
Pourtant, à l’époque y’aurait peut-être eu moyen de pousser le truc un peu plus loin, tu n’y as jamais pensé ?
Je voulais, mais j’étais pas assez fort, pas assez de style, ah ah ! Mais c’est mieux comme ça, je ne regrette rien. Il y a une part‘ de mes meilleurs tricks que j’ai perdue, je voulais l’envoyer à Nike, je faisais des rails de 10 marches…
Il faut la retrouver !
C’est les derniers trucs sérieux que j’ai filmé, ça doit être dans un de mes vieux PC…
J’ai l’impression que tu as longtemps hésité à faire un morceau sur le skate…
Oui. Je voulais pas le faire n’importe comment, c’était trop important pour moi. Je voulais qu’on comprenne que c’est encore plus ma culture que le rap. Donc j’ai attendu le bon moment pour le faire bien. J’ai choisi d’en faire un track agressif qui représente bien le quotidien des sessions de skate : blessures, acharnements, embrouilles, adrénaline… Loin de l’image gentille et fragile que les gens peuvent se faire, ah ah !
Comment est perçu le skate, dans la scène hip hop en France ?
Les gens trouvent ça stylé, aujourd’hui c’est très respecté. Avant c’était un truc de connaisseur, t’en parlais que si tu connaissais vraiment, aujourd’hui c’est la mode tout le monde veut cette culture. Mais pourquoi pas, ça fait longtemps que le skate influence tout le monde dans l’ombre de toute façon, donc ça me dérange pas que ça soit devenu officiel. Et puis mets n’importe qui sur une planche il suffit d’une demi seconde pour voir s’il y a une culture authentique ou pas, ah ah !
FS bluntslide pop out, La Défense, 2017. Photo : Clément Chouleur
Tu trouves encore le temps d’en faire, du skate ?
Ouais ! J’arrêtais jamais ! J’essaye de trouver le temps d’en faire une fois par semaine au moins, j’ai un peu perdu mais ça va… Des fois je skate la nuit (comme hier soir par exemple), je me mets des musiques de part‘ de skate classiques et je traverse Paris, c’est une sensation irremplaçable… (Si vous avez un compte Spotify, il y a la playlist Lomepal, réalisée par ses soins – NDLR)
Sur quel spot est-ce qu’on a plus de chance de te croiser ?
Répu, évidemment… On ne va pas se mentir c’est le meilleur spot chill de Paris même s’il y a trop de monde. Y’a tout là-bas… Mais ça reste cool de chercher des spots et de shooter des trucs, comme ce spot à La Défense que je ne connaissais même pas !
Lomepal, en tournée skate du 9 au 24 septembre 2017, dans des salles du 6 octobre au 2 décembre 2017.