Bordelais-Parisien et adepte du planchon depuis de nombreuses années, Matias fait aussi de la musique. Peut-être même que sans le savoir, vous avez déjà entendu sa musique dans les vidéos Magenta, Parisii ou Minuit.
Fastplant benihana crooked ? Photo : Yoann Taillandier
Qu’est-ce qui est venu en premier, le skate ou la musique ?
La musique ! Ma mère voulait absolument que je joue d’un instrument et je me suis mis à la guitare classique à six ans. Je voulais faire de l’harmonica mais il n’y avait pas de cours près de chez moi ! Après, mon père a plein d’instruments sud-américains chez lui et je m’y suis mis petit à petit, comme le charango, la harpe paraguayenne ou les kenas. Le skate est venu quand je pouvais commencer à vadrouiller dans les rues de mon quartier, autour de treize ans avec mon meilleur pote.
Puisqu’il faut des étiquettes sur tout, comment pourrait-on qualifier le style de ta musique ?
J’imagine que c’est plus facile pour quelqu’un d’extérieur de répondre à ça. Je fais ce que j’aime faire, je ne me suis pas vraiment mis de carcan sur mes projets même si j’essaye de garder une unité pour chacun d’eux, que ça parte pas non-plus dans tous les sens. Mais j’ai l’habitude de répondre « électro-instrumental »… ce qui est surtout vrai pour les sonorités.
Est-ce que tu penses que ta musique aurait été différente si tu n’avais pas fait de skate ?
C’est sûr ! J’ai commencé à enregistrer ce que je composais à la guitare pour les vidéos de skate qu’on faisait avec mes potes, vers seize ans. Quelques ollies sur trois marches avec un appareil-photo de trois méga pixels ! Et depuis Minuit en 2010, de Yoann Taillandier. Quasiment chaque année je compose pour du skate. Alors bien-sûr ça m’inspire, ça fait partie de moi, de mes choix de structures et de textures. Et certains morceaux que je compose pour moi finissent par marcher pour une part’ et vice-et-versa, ce que j’imagine pour une part’ se retrouve finalement dans un de mes projets perso.
Depuis quand tu t’es mis à chanter ?
En fait ça fait longtemps. J’avais écrit plein de textes au lycée déjà, que je chantais à la guitare et puis j’ai continué au fur et à mesure des années sans jamais les faire écouter. J’ai eu un déclic quand j’ai fini par faire écouter une chanson (Building) à Sylvain Robineau, qui a décidé de l’utiliser pour son court-métrage Sabine. J’ai eu plein de bons retours et d’encouragements. Ça m’a motivé et ça a pris du sens petit à petit. Ça m’a fait du bien je crois, et puis ça m’amène à faire des concerts, à être moins timide aussi.
Entrelac, 2017. (Artwork par Soy Panday)
Qu’est-ce qui vient en premier dans le processus de création d’une chanson, le texte ou la musique ?
Ça dépend, mais en ce moment plus la musique sur laquelle je trouve un mélodie à fredonner, un rythme pour du texte. Et des fois j’écris le texte en amont et en l’écrivant je commence à avoir des sonorités en tête et une structure. Quand tu écris le texte avant ça conceptualise tous tes choix de composition. À l’inverse quand tu commences par la composition, il y a une part d’inconscient qui est plus prononcée. En ce moment je crois que je préfère fonctionner comme ça…
Pourquoi avoir choisi le français ? J’imagine que l’anglais pourrait t’ouvrir à un public plus large, non ?
J’ai pas vraiment choisi, c’est juste beaucoup plus naturel pour moi d’écrire en français. Je serai peut-être amené à écrire des trucs en anglais dans le futur, on verra. Pour l’instant, j’apprends le médium ‚chanson‘, conquérir un plus large public ça viendra ou pas plus tard !
T’es musicien au départ, ou t’es juste un bidouilleur d’ordinateur ?
En ce moment je suis plus bidouilleur que musicien ! Mais les concerts vont me forcer à m’y remettre vraiment, parce qu’au départ j’ai une formation de musicien.
Ultrascore n°18
Tu commences à te produire en concert, tu es seul sur scène avec ton ordinateur, et ton micro ?
On est deux sur scène, j’ai un ami qui m’accompagne à la guitare, Romain Sanders. Sinon dans la nouvelle config’, il n’y a plus d’ordinateur ! J’ai une MPC et d’autres petites machines et guitares ou synthé. Ça me permet d’être plus libre dans les structures des morceaux, de varier en fonction du public et des scènes. On intègre aussi des samples vidéo qui font écho aux ultrascores que je fais sur mon Instagram. Tout est plus organique et vivant, il me tarde de montrer tout ça !
Quels sont les prochains concerts de prévus ?
Pour l’instant je répète avec cette nouvelle config’. Et quand je serai prêt je commencerai à démarcher. Comme tu dis je commence à me produire en concert, donc ça veut dire pas de tourneur, pas d’agent, on va faire ça progressivement. On va tester le nouveau live chez des potes à Bordeaux dans peu de temps. Et après on va essayer d’enchaîner rapidement. Je te dirai !
Entretien réalisé par mails interposés en octobre 2017.