Trois cent soixante et quelques jours plus tard, il est temps de faire le bilan de l’année qui s’achève, et dont le highlight aura été, bien entendu, l’arrivée de Nyjah Huston tout de blanc vêtu aux X-Games.
Podcasts. Vu que personne ou presque ne lit plus vraiment les magazines, certains se sont dit que plutôt que de s’emmerder à faire des interviews et les imprimer, ce serait tout aussi simple de les diffuser directement sur Youtube. Si la plupart de ces nouveaux médias (Thrill of it All, BS with Tommy G, Mission Statement aux US ou Bigspin et Get off the Couch en France) sont largement inspirés du Nine Club (dont le premier épisode ne remonte qu’à 2016), le principe du talk show remonte néanmoins à l’invention de la radio et on pourrait se demander pourquoi tout ça aura pris tant de temps à s’installer dans le paysage médiatique du skate. Cela dit, il existe quelques exemples plus anciens comme Fos FM ou Comments Below mais qui n’ont jamais généré des milliers de vues, probablement trop en avance, à une époque où les magazines papier faisaient encore autorité. Il semblerait donc que l’année 2018 ait été la bonne pour ces nouveaux médias, qui ne diffusent que des interviews pour le moment et dont le business model reste à inventer…
Hammers. Afin de casser un peu leur image de contest-boys et de se faire connaître des Américains, Vincent Milou et Adrien Bulard ont tous les deux eu exactement la même idée : aller se balarguer sur El Toro et à Hollywood High. Avec respectivement FS blunt et flip lipslide pour le premier et BS tail + BS tail shove it (sur les 16) pour l’autre, il faut bien admettre que nos deux petits Français ont effectivement réussi leur coup. Il paraît même que Bulard s’est racheté une conduite, au grand désespoir des mecs de Palace, enfin, à c’qui paraît…
20 ans. WallStreet et Zeropolis ont fêté à peu près au même moment leurs deux décennies à subir les modes, les crises, les types qui réclament des stickers sans même avoir fait un tour dans le magasin, l’arrivée des pure players d’internet qui les bouffent sans même payer leurs impôts en France, et les bouffons qui pensent que « Supreme » sur un t-shirt Powell est une copie… Les types derrière ces comptoirs ayant tous la petite quarantaine, 20 ans est aussi à peu près l’âge où ils se sont lancés dans l’aventure. Je ne sais pas pour vous, mais moi à 20 ans, je crois bien que j’étais encore du côté des types qui réclament des stickers ou à trop questionner la légitimité de tel skateur à recevoir des boards gratuites… Bref, bon anniversaire, merci pour les stickers, et promis, on arrête d’acheter notre matos sur le net.
Illustration : Pentagram Pizza
Body varials. Oublié depuis des décennies, le body varial est plus ou moins subitement réapparu dans tous les montages Instagram du monde, un peu comme le yoyo qui finit toujours par revenir dans les cours de récréation avant d’être à nouveau oublié, parce que „trop de…tue le…“ Vulgairement appelé « sex change » par la génération THPS, le maître incontesté de la discipline est forcément français (la France, pays des Lumières, de la haute couture et du bon goût en général) mais n’est pourtant pas un local de la Place de la République. Il s’appelle Quentin Boillon, il vit à Lyon et à parfois les cheveux roses.
Primitive. La notoriété d’une marque se mesurant aujourd’hui en nombre de followers, on retiendra l’ascension phénoménale de Primitive, la marque de Paul Rodriguez dont on ne donnait pas cher lorsqu’elle est apparue en 2014. C’était mal connaître le p’tit Paul qui a vu sa marque dépasser le million d’abonnés sur Instagram en 2018, devant notamment son ancien sponsor Plan B (850K), Element (927K) et Baker (988K) qui mènent le groupe de tête, derrière Palace (1,4M). Lancé en mai, le pack à 75$ par mois (port compris aux USA) qui comprend une board, un t-shirt, un jeu de roues, le grip et même un pain de wax, a fait l’effet d’une bombe dans le business. Il fallait oser ! Ils l’ont fait, tant pis pour les skateshops.
La Tav. Finis les tours où le seul moyen de réussir à s’endormir sur le béton froid d’un DIY de Slovénie était de s’enfiler 14 canettes en moins de temps qu’il n’en faut pour monter une tente Quechua et les voyages à douze dans le Sprinter infernal de Hugo Liard. Rémy Taveira a fini par prendre goût aux vols transatlantiques pour rejoindre la bande de Jacob Harris chez Isle. Beaux joueurs, les mecs d’Antiz lui ont fait une petite vidéo d’adieu qui, malgré le fait qu’elle utilise son image jusqu’aux dernières secondes de son contrat (s’il en a jamais eu un), raconte que l’oeil affectueux de l’amitié n’a que faire de l’arrogance du business. Aaaah, c’est beau, putain !
On avait presque fini par ne plus y croire, finalement c’est arrivé, et ça valait le coup d’attendre. La (première) part‘, officielle, de Vincent Touzery dans Blessed a même généré un « people will be stoked on his shit » sur le forum Slap. Amen. – Après huit ans d’absence, les fameux European Skateboard Championships (ESC) ont fait leur retour à Bâle dans une indifférence quasi totale. Trop tôt ou trop tard ? – Le Dôme a subi un lifting inattendu et n’a même pas été doté de dispositifs anti-skate. Pourvu qu’ça dure. – Les slappies sont devenus tellement à la mode qu’il y a même maintenant des contests. La boucle est bouclée. – La vidéo Etnies (Album) est passée inaperçue. Pourtant elle méritait bien un High 5. Ah ah ! – Nyjah Huston est arrivé tout de blanc vêtu (hésitant entre le short et le collant, il a mis les deux) aux X-Games, tel un ange immaculé. Le temps où il était rasta-vegan est bien loin. – Déjà Vu skatemag est apparu sur les comptoirs des skateshops avec un premier numéro sponsorisé par une marque de fringues. On attend maintenant le vrai premier numéro avec des articles dedans. – Le CPH Pro s’est déroulé en grande partie à Berlin. Un peu comme le Dakar en Amérique du Sud… – DC a repris du poil de la bête en ressortant des modèles de l’époque des grosses pompes. Qui l’eut cru ? – A Paris, sur la Place de la République, si les feux de plancher sont toujours au goût du jour, les ourlets font désormais partie du passé. Le pantalon se porte désormais coupé au niveau des chevilles, comme en 1992. La boucle est vraiment bouclée. Il reste quoi à recycler pour 2019 ?