5 QUESTIONS : PHILIPPE PETIT

Philippe est le réalisateur de Danger Dave, le film sur la fin de carrière de David Martelleur, qu’il a suivi pendant plusieurs années. Le film a été présenté dans divers festivals, projeté dans quelques salles obscures et est sur le point d’atteindre le grand public. Depuis le temps que ça dure, il était temps de faire le point.

PhilippePetit

[highlight]1_[/highlight]Est-ce qu’au moment où tu as choisi de t’embarquer dans cette aventure avec David, tu avais une idée d’où ça pourrait te mener ?
Oui, la courbe était devant nous d’un point de vue thématique. Je savais que je voulais questionner la fin de quelque chose, un état transitoire. La question était davantage de savoir combien de temps j’allais m’embarquer. Fort heureusement, j’ai rapidement pu faire admettre à ma productrice, Emmanuelle Lepers, que ce serait une donnée difficilement quantifiable. Je pensais que le tournage s’étalerait sur environ 4 années, au final on a tourné 5 ans.

LA QUESTION ÉTAIT DE SAVOIR COMBIEN DE TEMPS J’ALLAIS M’EMBARQUER

[highlight]2_[/highlight]Combien de temps s’est écoulé, entre la décision de commencer le tournage et la première projection ?
Environ 8 ans. Nous tournions environ 4 semaines par année, plutôt l’été. Je n’ai pas pour habitude d’accumuler des heures et des heures de rushes. Par ailleurs ce film est mon premier documentaire, si je ne mentionne pas « Making of » un format court réalisé au sortir de mon passage à L’INSAS de Bruxelles, qui a été du reste censuré par son commanditaire. Au final, j’ai accumulé une centaine d’heures de rushes, dont une partie a servi à réaliser la série « Support Me » en amont du film et qui nous a permis de recueillir des fonds.

130515_DANGER_DAVE-26

[highlight]3_[/highlight]Est-ce que tout est spontané ou est-ce qu’il y a des passages où tu as orienté David, voire des passages joués ?
Il y a de tout. J’ai souvent orienté David ou du moins tenter de le faire et ce travail est présent dans le film. C’est une des thématiques de Danger Dave, ce que je tente d’obtenir de lui, ce qu’il me donne, la relation qui nous constitue autour et pour le film. Je l’ai parfois placé dans l’espace afin d’obtenir une composition visuellement intéressante ; notamment à la médiathèque où j’ai par ailleurs fait en sorte qu’il rencontre ce gamin. Je l’ai laissé libre à 100% de ses actions et de ses mouvements dans des moments comme la fête afin de conserver le caractère naturel et authentique du personnage et de son entourage. L’écriture a été construite au montage. Je n’ai respecté aucune chronologie, ne me suis fixé aucune règle de raccord, la seule chose qui a compté fut alors la mise en place du récit et c’est à ce moment là que j’ai vraiment orienté les choses.

JE NE PENSAIS PAS RENCONTRER AUTANT D’HORIZONS DIFFÉRENTS

[highlight]4_[/highlight]En dehors de différentes projections ayant eu lieu récemment, comment peut-on voir le film ?
Le mieux est de suivre les infos par le biais de la page Facebook du film. La grande nouvelle est la sortie du film au cinéma au mois de Juin, nous aurons d’autres détails à ce sujet d’ici peu.

130515_DANGER_DAVE-20

[highlight]5_[/highlight]Toi qui étais extérieur au skateboard avant le film, qu’as-tu appris de ce milieu ?
Le skate m’est apparu comme un milieu hétérogène qui brasse plusieurs générations, différents milieux sociaux et une multitude de cultures et d’influences. Je ne pensais pas rencontrer autant d’horizons différents. J’ai croisé tout type de personnalités, du skateur la quarantaine, fan de Métal, peu porté sur son ambition professionnelle au jeune fan de hip hop, très au fait des relations avec les sponsors, ayant quasiment un plan de carrière. Il y a cependant des ancrages communs. La musique est très souvent présente, la culture urbaine toujours proche des sensibilités. Le rapport aux vêtements est également très présent, de fait par le biais de marques qui sponsorisent mais également par le bais des skateurs eux mêmes qui ont chacun leur style d’où leur appartenance à un type de famille. Mais au final, j’ai remarqué que la constitution des groupes, des bandes de potes se faisait par le biais des spécialités. La transition regroupe une partie de cette grande famille, le street une autre etc… Pour moi, le lien entre ces différentes familles fut l’accueil toujours d’une grande ouverture ; il est vrai que le fait d’être toujours amandé par David a grandement facilité les choses mais une fois passé ce moment tout à fait compréhensible de méfiance, tout le monde a joué le jeu, tout le temps, c’était dingue. J’en profite ici pour adresser un remerciement général à ce milieu qui (malgré une récupération médiatique et mercantile) parvient à conserver des personnalités intègres, indépendantes et libres dont « Danger Dave » se fait je l’espère l’écho.

Roost

Le portrait de Phil est de Benjamin Chartier et les autres images sont tirées du film. En bonus, une séquence du Roost et son fameux finger flip to tail au Hellfest, en 2008, dont on voit des images dans le film…