Figurez-vous que le mois dernier, j’ai participé à deux évènements qui se sont tenus à Paris : Le Paris Surf & Skateboard Film Festival et le Benchmark Fest. Mais pas en tant que journaliste/fouille merde, comme vous auriez pu le croire, mais bien comme co-organisateur. Alors forcément, ça va être difficile d’être critique et objectif, mais vu que ce genre d’évènement n’intéresse plus les médias français, je vais m’y coller moi-même.
Sam Partaix venu présenter Set in concrete de Guillaume Périmony
THE PARIS SURF & SKATEBOARD FILM FESTIVAL – 22-25 septembre 2022
Quand on s’est mis en tête de faire un festival de « films de skate » (entendez par là qu’on n’avait surtout envie de diffuser des films sur grand écran traitant de près ou de loin de skate – puis de surf un peu plus tard – avec une certaine vocation cinématographique), on a cherché un nom un peu plus cool que « Paris Surf & Skateboard Film Festival » pendant des mois mais on n’a jamais réussi à se mettre d’accord (David Couliau, Elodie Salles, Guillaume Le Goff, Julien Potart, Stéphane Borgne et moi-même). Alors on est resté là-dessus. On pensait qu’on s’y ferait, mais pour ma part, j’ai toujours du mal avec ce PSSFF aussi chiant à dire que ‘le Paris Surf & Skateboard Film Festival’… Enfin bon, il est vrai que quand on appelle son magazine « A Propos », à un moment, il vaut mieux éviter de trop la ramener. Par contre, j’ai l’impression que finalement, les gens s’y sont fait vu l’affluence qu’on a eu pour cette septième édition, que je qualifierais de réussite sans aucune retenue.
Le Queen Of The road, de l’asso Realaxe (en OFF)
Pour les Parisiens qui nous snobent et les Provinciaux qui n’ont que vaguement entendu parler de cet évènement désormais traditionnel, sachez que le PSSFF propose deux choses distinctes qui s’étalent en parallèle sur les 4 jours du festival. La première, c’est une vraie compétition avec un jury sérieux (on va y revenir) qui couronne 4 films : meilleur documentaire et meilleur court métrage pour les deux disciplines, films que l’on peut voir en salle comme un film normal. Pour ceux qui regrettent que ce soit payant (8,5€), si vous connaissez un cinéma prêt à diffuser 20 films (dont une douzaine de long-métrages) gratuitement, n’hésitez pas à nous faire signe, hein… La seconde chose, c’est ce qu’on appelle le OFF. Des films hors compétition le plus souvent produits par les marques qui financent le festival, et des soirées animées par des DJ payés en tickets-boissons, dans une salle attenante, libre d’accès. Il y a aussi à l’étage de ce cinéma indépendant (L’Entrepôt) une salle d’exposition où se côtoient les « corners » de nos sponsors et des créations d’artistes issus du surf ou skate…
Les trophées designés par Alexis Jamet
Parmi les différentes animations (ou « activations » en langage marketing) on avait cette année décidé de faire de la soirée du vendredi un truc spécial sur le DIY dans le skate autour du documentaire produit par Vans et réalisé par Guillaume Périmony, intitulé Set In Concrete (hors compétition, donc, et qui risque fort de tourner un peu avant d’être balancé sur le net). Pendant que les surfers se faisaient une toile en salle, ça débattait skate et béton à côté avec Jo Dezecot, Lisa Jacob et Jérémy Durand, venus en personne animer la soirée, après les projections de Concrete Roll et Ziggyland. Alors encore une fois, je suis mal placé pour vous dire si c’était une réussite ou pas, mais le PSSFF étant lui même un événement DIY (personne ne gagne d’argent avec le PSSFF, à part le cinéma), les tickets-boissons aidants, on a vite été tous d’accord sur tout et on a passé une très bonne soirée.
Un peu plus tôt dans la journée, puisqu’on était dans le thème du DIY, on avait décidé de rediffuser aussi les deux premières vidéos de Pontus Alv (The Strongest of the Strange et In search of the Miraculous), qui justement, faisait partie du jury (aux côtés d’autres professionnels de l’image, du surf ou du skate). Sauf qu’au dernier moment, Pontus, qui vient d’emménager à Paris, a décidé de partir en vacances (après avoir probablement fini par comprendre que cette fois, c’était à lui de distribuer les trophées, et pas de les recevoir…). Heureusement, il restait Joaquim Bayle pour poser un regard aguerri et des commentaires pertinents sur les films qui traitaient de skate (et même de surf d’ailleurs). Au moins, on ne pourra pas dire que c’est grâce à Pontus que « Oski » a remporté le meilleur documentaire skate…
Meilleur documentaire skate : the Oski documentary de Jonathan Lomar
Meilleur documentaire surf : Ride the waves de Martin Robertson
Meilleur court métrage skate : Desert dogs de Samuel Morris
Meilleur court métrage surf : We are like waves de Jordyn Romero
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THE BENCHMARK FEST – 1er et 2 octobre 2022
Le Benchmark Fest s’appelait jusqu’en 2018 le Nozbone Benchmark Contest et se déroulait tous les ans sur les bancs de l’esplanade de la fac Diderot dans le 13eme arrondissement (de Paris). Avec la volonté de proposer d’autres choses autour du contest, on a relancé le truc en 2021 dans un nouveau lieu et sur deux jours (au lieu d’un seul). On a gardé le #nozbonebenchmarkcontest mais on a aussi invité d’autres skateshops (Vega, Odilon et Balargue) et des associations pour faire une petite kermesse, on a cherché des vidéos à projeter en avant-première, on a invité des rappeurs et des DJ (un peu les mêmes que pour le PSSFF) pour la soirée du samedi, on a organisé un autre petit contest le dimanche pour ceux qui n’avaient pas passé les qualif la veille, on a proposé des initiations pour les kids (pas décérébrés, j’me comprends…) du quartier… En gros, on a voulu réunir la scène et essayer de faire en sorte pour qu’il y en ait pour tout le monde.
Alors je dis « On », mais c’est pas tout à fait la même équipe que pour le PSSFF, ni la même structure. Le Benchmark, c’est Alexis Papadopoulos (de Nozbone), Stéphane Borgne et moi mais c’est désormais indépendant de Nozbone. Voilà pour les présentations.
Beer-pong au stand Vega. Photo : Thibault Le Nours
On a donc remis le couvert à la Cité Fertile, à cinq minutes de l’autre côté du périf, pour la deuxième année consécutive, et probablement la dernière vu que l’endroit est voué à la destruction dans les mois qui viennent. Un hectare dont 400 mètres carrés couverts sur une dalle en béton parfaite, une brasserie artisanale, deux bars, un terrain de boules et des stands à disposition, on aurait pu se croire à Berlin y’a dix ans… Pour les stands on avait convié les mêmes et contrairement à l’année dernière, il a fait beau le samedi, ce qui a permis à tout le monde d’en profiter (ouais, étrangement le dimanche les gens sont plus calmes, ah ah…). On remerciera Ben ‚Jemmapes‚ en particulier pour l’animation beer-pong mural sur le stand Vega dont toute la recette a été reversée à Concrete Jungle Foundation. (Et merci aussi à Axel de Spotwaste au passage, ça coûte rien.)
Shreditmax on the mic. Photo : Thibault Le Nours
Concrete Jungle Foundation, c’est une ONG qui construit des skateparks dans des endroits du monde où sans eux, il aurait fallu attendre encore 50 ans pour que ça arrive… Un vrai truc social, loin du business du skate et de ses grandes gueules, dont l’antenne française est tenue par Lisa Jacob (encore elle), qui nous avait proposé de diffuser en avant-première leur nouveau documentaire sur un park en béton construit dans un orphelinat au Maroc, qui aura ponctué ce week-end chargé.
La veille au soir, après une autre avant-première (celle de la vidéo Loophole/TroisCCD), on avait proposé à Shreditmax de venir faire un petit showcase histoire de chauffer la salle avant la soirée Rinse. Bon, moi j’avais jamais entendu parler de Rinse avant mais d’après mes collègues ça pèse sérieusement dans la musique, donc ça aurait dû être la folie, mais sans qu’on sache vraiment pourquoi, la soirée n’a commencé à décoller qu’à minuit, alors qu’il fallait couper la musique à 0:30… Quand à Max, malgré les balances le matin, le son était pourri et c’était pas vraiment de sa faute. Désolé Max, on fera mieux l’année prochaine.
Jimmy Choley , rainbow CJF réalisé par Lisa Jacob. Photo : Thibault Le Nours
Cela dit, tout le reste a fonctionné, notamment les modules qu’on avait commandé à Oscar de Skatepharma, sur la base des bancs de Diderot histoire de garder l’héritage du Benchmark… Si l’année dernière on avait faire venir (de Frankfort) une réplique en béton des fameux bancs (350kg de galère à déplacer), cette année l’idée était de faire gaffe un minimum à notre empreinte carbone (sans déconner), et Oscar proposait de les faire en bois provenant d’autres évènements à hauteur d’au moins 50%. Au final il a réussi à aller jusqu’à 60% et il garde les deux bancs jusqu’à la prochaine fois.
Paul Morin, fakie nosegrind. Photo : Thibault Le Nours
Quant au #nozbonebenchmarkcontest, pour ceux qui se posaient plus ou moins légitimement la question liée au fait que Hugo Corbin (de chez Nozbone) ait gagné… Il y avait trois juges : Olivier « Tavu » Ente (skateur et artiste Lillo-Parisien), Gwendolinn Ledesma (de Magdezine) et Valéry Blin (de Rampage zine) qui n’ont rien à voir avec Nozbone, et personne n’est venu leur dire quoi que ce soit. Pour rappel, le Benchmark c’est un contest de ligne par jam de cinq ou six et c’est un gros job de concentration. Personne ne voit la même chose au même moment, et pourtant, puisque c’est le principe d’un contest, il faut bien désigner un gagnant et des dizaines de perdants…
Résultats du #nozbonebenchmarkcontest :
1er Hugo Corbin
2ème Théo Mega
3ème Amiel Kornicki
Bref, j’aurais pu vous parler d’un millier d’autres trucs et j’oublie plein de gens qui ont participé à cette deuxième édition du Benchmark Fest, mais je préfère arrêter l’auto-congratulation, même moi j’en peux plus, là…
Video par Thomas Courteille AKA Stoopide