Il vient de Picardie, il passe le plus clair de son temps à filmer ses potes en train de faire du skateboard, même que c’est devenu son activité principale, et disons qu’il aime faire de la provoc’… On lui doit la série des Paris Gris, le montage „No Homo“ dans Megamix, le tour en Birmanie dans SOMA en 2013, tout un tas de bons trucs visibles sur son compte Vimeo, et il sort sa seconde full-length video judicieusement intitulée J’aime les filles. Je lui aurais bien posé 20 questions, mais il paraît que j’en avais droit qu’à cinq…
Guillaume par Vincent Coupeau
„SI TU AS UNE CAMÉRA, TOUT LE MONDE SERA MOTIVÉ, MÊME SI TU NE SAIS PAS T’EN SERVIR“
[highlight]1_[/highlight]Comment est-ce que tu es passé du stade d’inconnu à celui de „filmeur“ reconnu ?
Pour moi rien a changé, je filme toujours mes potes depuis 12 ans. J’ai sorti la J’irai pas à Paris et la I love London coup sur coup fin 2009. C’est juste après la période où Amiens (où j’habitais à l’époque) est devenue plus attractive pour les skaters de l’extérieur. On a eu le bowl, qui était une première au nord de Paris juste après Le Havre, et plein de spots de street ont été construits dans la même période. Tout ça a coïncidé avec ma première caméra ‚legit‘, une TRV900. C’est sûr qu’après ça j’ai sorti régulièrement des montages, mais je filmais déjà pas mal la scène amienoise depuis 2004 (avec une pause ou je ne faisais que de la photo, entre 2005 et 2007).
[highlight]2_[/highlight]La vidéo a donc pris le dessus sur la photo. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? Pourtant, comparé à la photo, filmer du skate est assez ingrat…
Disons que ça a mieux marché en vidéo. Ça n’intéresse pas grand monde de se faire prendre en photo si derrière il n’y a pas la promesse d’avoir une paru. Alors que si tu as une caméra vidéo, tout le monde sera motivé, même si tu ne sais pas trop t’en servir. Du coup, je pense que commencer en photo est beaucoup plus ingrat, mais on est bien d’accord que la balance s’inverse avec le temps. Pour toucher aux deux, je sais à quel point une vidéo est bien plus dure et demande bien plus de taf, déjà sur le spot, et encore plus en post-prod, surtout avec la HD. Et puis en vidéo, tu te retrouves sur les même supports que les gros „filmeurs“ americains (les sites internet qui les relaie, j’entends), et donc la comparaison fait beaucoup plus mal que ta photo au milieu d’autres dans un mag français.
Bon, ne parlons même pas du rapport temps passé/rapport financier…
Vincent Coupeau par Guillaume Périmony
[highlight]3_[/highlight]Tu es assez exigeant sur certains aspects du skate, pourtant, il t’est arrivé d’envoyer une photo d’un trick pas rentré qui a fini en couverture… Qu’est-ce que tu as à dire pour ta défense ?
J’ai toujours été super exigeant à ce sujet mais j’ai fini par me rendre compte que dans certaines conditions, on pouvait se faire avoir et se retrouver à refiler une photo pas rentrée. L’erreur classique étant de se persuader que le trick sera rentré avant que le mag sorte. Ça m’est arrivé avec la couv‘ d’un magazine parisien. Un trick relativement simple pour le skater qui l’aurait fait en 5 minutes, mais celui-ci n’était plus sur Paris pendant un moment, et le spot n’existait plus à son retour. (La couv‘ de À Propos #6 – NDLR)
[highlight]4_[/highlight]Quand et sous quelle forme sortira „J’aime les filles“ ?
J’aime les filles devrait être en ligne part‘ par part‘ courant août sur le site Kingpin et en DVD pour ceux qui veulent à la même période.
Illustration : Carlin Diaz
[highlight]5_[/highlight]Qui est ce graphiste avec qui tu as travaillé sur la vidéo, qu’est-ce qui a porté ton choix vers lui ?
Carlin est un skater vénézuélien qui habite à Paris depuis quelques années, tu l’as surement déjà croisé à Répu sans le savoir. Il m’a envoyé un message sur mon compte Vimeo mi-2013, me disant qu’il aimerait bien faire des animations pour des vidéos de skate, et que si j’avais besoin il était super opé. Au départ, je lui ai juste demandé de me faire des petites anim‘ pour les noms des guests dans la JLF. Finalement il a fait toute les anim‘ et les titres de la vidéo et il m’a livré les ptites anim‘ pour les noms 2 jours avant l’AVP, ah ah ! J’ai longtemps été sceptique, parce que ça a beaucoup rallongé les délais et que j’avais du mal à visualiser à quoi ça allait ressemblait mélangé au reste de la video. Mais maintenant je suis persuadé que ça apporte vraiment quelque chose, que ça me rapproche bien plus de la DA que je voulais, et que la J’aime les filles serait moins bien sans l’aide de Carlin.
Interview réalisée par mails interposés les 3 et 4 juillet. En bonus, ce montage parodique de Minuit qui m’avait bien fait marrer à l’époque, et qui me fait d’ailleurs toujours marrer.