A PROPOS DE OLLIE

L’autre jour, sur Instagram, j’ai vu passer une story à propos de „Ollie“, que j’avais déjà vu passer ailleurs il y a quelques mois. Visiblement, il s’agissait d’un spectacle autour de l’idée de la figure de base du skate… J’ai donc demandé, par l’intermédiaire d’une story, si quelqu’un souhaitait s’y rendre pour m’en envoyer sa petite chronique, espérant recevoir différents avis pour m’en faire le mien, vu que je ne pouvais pas m’y rendre moi-même. Forcément, j’en n’ai reçu que deux, dont l’une était sur un film du même nom (qui sort en salles le 21 mai 2025), que voici !

Intro par Tura

Ollie, le spectacle. Par Virginie Neto.

Un spectacle urbain à la croisée des arts : mon ressenti personnel

En découvrant la création originale réunissant la Compagnie UMA (Urban Move Academy), mise en scène par Nicolas Musin et accompagnée par la direction musicale de Pedro Winter, j’ai été invitée à vivre une expérience artistique hors du commun. Ce spectacle, qui mêle diverses expressions issues de l’espace urbain, se déroule autour d’une rampe de skateboard et met en scène un line-up d’artistes exceptionnels. 

En tant que femme de 45 ans, je ne suis pas une connaisseuse du skate, mais je suis sensible à la danse et à la musique, et j’apprécie le travail artistique dans sa globalité. Cependant, j’avoue que j’ai parfois eu du mal à suivre le fil du spectacle, qui pouvait sembler décousu ou parfois même un peu confus. Je me suis sentie un peu perdue face à cette multitude de langages, de gestes et d’interrogations qui reflètent la jeunesse d’aujourd’hui. 

 Malgré cela, je tiens à saluer la qualité du travail fourni. La mise en scène, la précision des tableaux, ainsi que la performance des skateurs et des danseurs, sont impressionnantes. Ce spectacle, libérateur et électrisant, cherche à transmettre une énergie forte et à faire vibrer le public à travers une fusion d’arts urbains.

En résumé, même si je n’ai pas tout compris ou ressenti pleinement chaque aspect, je reconnais la richesse de cette création et la passion qui s’en dégage. C’est une expérience à vivre, surtout si l’on aime l’art sous toutes ses formes, et je recommande d’y aller avec un regard ouvert et curieux.


Ollie, le film. Par Lancelot Edern Lippi

Si je partais avec un a priori très positif compte-tenu de l’oeuvre préalable de l’auteur et de sa légitimité à aborder le sujet du skateboard dans un film (voir son documentaire „Le skate moderne“, inspiré de l’œuvre de Depardon, sur sa bande de potes pratiquant le skateboard contre vents et marées dans leur campagne natale), je ne pouvais complètement réfréner la crainte de voir l’objet et la culture chéris être dénaturés par les différentes nécessités qu’une production cinématographique engendre généralement dans ce type de cas (vulgarisation virant au simplisme, clichés éculés, etc.).

Il serait aussi facile de tresser des lauriers à une équipe aussi débonnaire et sympathique, et s’en sortir avec les politesses habituelles pour ne vexer personne.

Mais la vérité est qu’OLLIE est un grand et beau film. Il l’est car Antoine Besse a utilisé le skateboard sans s’en servir, et on ne sait plus tellement à la fin s’il en est le héros, le sujet ou seulement un prétexte. Dans ce film très personnel dans lequel tout skater se retrouve et aucun néophyte ne se perd, l’auteur parle à tous tout en touchant l’intime de chacun.
Entre l’exercice Proustien, la chronique sociale et le roman d’initiation, OLLIE convoque les imaginaires avec une justesse que je n’avais jamais jusqu’ici jamais eu l’occasion d’observer dans un film de ce genre (pour aussi peu nombreux qu’ils soient…). On pourra certes regretter quelques raccourcis sur certains détails très techniques ou certaines ambiances, mais l’erreur serait justement d’aller voir OLLIE comme un reportage sur le skateboard, et de ne s’en tenir qu’à cela: c’est un film avec une histoire, des personnages (vrais skaters pour la plupart), un scénario (crédible), et il se trouve que le skate fait partie intégrante du décor.

C’est la lettre d’amour pudique d’un cinéaste à ses mentors (Depardon encore une fois) et à la pratique du skateboard, en ce qu’elle bouleverse notre vision du monde pour toujours (quand nous percevons un trottoir comme un espace de jeu infini là où le reste ne voit qu’un bout de béton) et emmène ses pratiquants acharnés vers des contrées diverses (culturelles, sociales) qu’ils n’auraient jamais eu l’idée d’explorer autrement.