411 est le numéro des renseignements téléphoniques aux Etats-Unis (et au Canada), qui aujourd’hui doit être aussi souvent utilisé qu’un magnétoscope. Comme vous faites partie du peu de gens qui lisent encore des magazines, il y a une chance pour que vous ayez un certain âge et que vous sachiez ce qu’est une cassette VHS. Peut-être même que vous avez passé beaucoup de temps, plus jeune, avant Internet et les téléphones portables, à regarder « des trucs » sur VHS. Pas forcément « des trucs » comme dans Bernie, mais des trucs comme 411 videomagazine.
Illustration : Jon Horner
Le premier numéro de 411 est sorti à une période creuse où le skate n’intéressait plus grand monde et où les magazines se comptaient sur les doigts d’une main de manchot. Et même s’il ne sortait encore que peu de vidéos, le lien entre ces deux supports incontournables fut rapidement fait. Ainsi naissait 411 videomagazine en juillet 1993, de l’idée de Josh Friedberg et Steve Douglas. Forcément, ce fut une petite révolution et c’est sûrement, avec Big Brother magazine, (et Tom Penny et Eric Koston), le meilleur truc qui soit arrivé au skate dans les années 90. Enfin, c’est mon avis.
Tous les deux mois, 411 remplissait les journées pluvieuses des skaters de cette époque emblématique où pour voir une vidéo, il fallait avoir une télé et un magnétoscope mais surtout, il fallait mettre la main dessus. Physiquement. Et ça, c’était à peu près aussi compliqué que de trouver des spots en banlieue nord. Je sais de quoi je parle.
De ce succès est né 411 Europe qui n’était autre que le résumé vidéo de la tournée des contests sur le vieux continent où les Américains raflaient tout, les Best Of qu’on a fini par trouver en librairie, 411 Snow, des vidéos de fingerboard et ON Video, qui était ce que Slap était à Thrasher…
De pâles copies comme Digital sont ensuite apparues et Puzzle a pris le relais sur le vieux continent. La musique était nulle, dans Puzzle, mais c’était bien. Ça aurait même mérité une page dans ce numéro… Bref, tout a ensuite basculé en DVD vers l’an 2000 jusqu’à ce que Youtube ne vienne mettre un terme définitif à tout ça et c’est ainsi, en 2008, que 411 est mort, après une centaine de numéros en comptant les Best Of et tout le reste.
De 411 est resté le terme « chaos » qui désigne un montage en vrac dans une vidéo, l’inoubliable petite musique d’intro « ta tatatata ta, tatalla ta ta », la gueule de Lance Mountain qui racontait le sommaire dans des endroits insolites et surtout des kilos de VHS dans des cartons au grenier… Vous voyez de quoi je parle, hein ?
Article publié dans A Propos #17 en septembre 2016