CAFE CREME MAGAZINE

Depuis la fin de Sugar, la presse skate française (francophone ?) s’était réduite au timide Sundai, à d’obscurs blogs et quelques zines ponctuels comme Magdezine. Café Crème était d’ailleurs un blog, français, mais en anglais, jusqu’au jour où son créateur Charles Paratte s’est dit qu’il allait tenter sa chance sur papier. Une première tentative très localisée avait vu le jour en 2023 sous le nom de Hometown (voir ICI) qui semble-t’il a donné un peu plus d’ambition à Charles qui vise désormais toute la France avec Café Crème magazine, sorti il y a quelques semaines et distribué en skateshop. Guillaume Colucci l’a eu entre les mains et voici ce qu’il en a pensé.

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En inactivité due à une blessure durant une pratique d’un sport qui en est vraiment un, j’ai eu le temps de me procurer le premier numéro du magazine papier dénommé Café Crème

Pourquoi ce nom ? Sûrement pour son côté “French Touch” ou peut-être que Charles, le rédacteur-en-chef, a un penchant pour cette boisson chaude… va savoir. Je m’attendais à avoir ma réponse dans l’édito, mais ce dernier a préféré se justifier (et c’est tout en son honneur) sur le fait de publier un magazine et en a profité pour nous balancer à la gueule son intime relation avec Pontus. La réponse à cette question m’est finalement apparue en lisant ce journal dédié à la planche à roulettes sur le trône, entre deux épisodes des Sopranos, juste après mon café du matin. 

Le mot Crème a sûrement dû être rajouté pour que ça sonne mieux, même si je trouve que le titre de “Café Clope” (voir “Café Bédo”) aurait été plus approprié à ses lecteurs. Malgré son blaze pour skateur quarantenaire blanc qui s’astique devant des vidéos Static, ce magazine a le mérite d’exister. 

Félicitations à Charles et Claire pour ce projet, car ce n’est pas en regardant les 5 saisons de The Wire à la suite et en dépensant tout son pognon sur Vinted que l’on édite un magazine papier. J’espère que ce dernier sera mieux que Sundai et plus impérissable que Soma, Sugar et À Propos réunis, sans oublier Chill, Freestyler, Pause et Kingpin (et en oubliant volontairement Tricks et Thrasher France). 

Passons maintenant au contenu. Commençons par le commencement avec en premier lieu, le format et la couverture qui me rappellent un fameux magazine européen basé à Londres. Malgré le plagiat assumé ou pas, il est difficile de jeter la pierre à Café Crème pour avoir pris inspiration sur ce qui se fait de mieux en matière de magazine de skate gratuit en Europe. 

L’esthétisme épuré et minimaliste est une valeur sûre même si les titres faussement accrocheurs et souvent répétitifs du magazine bordelais me manquent énormément. J’espère y voir dans les futurs numéros, une interview de Charley qui nous raconte ce qu’il devient depuis la fin de Sugar. Combien de pokebowl a-t-il englouti depuis ? Combien de vinyles a-t-il achetés ? Combien de temps passe-t-il par jour chez Riot ? Fait-il toujours de la photographie ? 

Depuis la fin de Sugar, il y a comme un vide pendant les voyages en trains, en vacances au bord de la plage ou même dans la boîte aux lettres pour les plus chanceux d’entre nous. 

On y trouve un soupçon de sucre dans ce café crème avec ce qui peut être un équivalent des “Trop Parlé” avec la rubrique “Tendances & Légèreté” dans laquelle on donne de l’intérêt à l’inintéressant, sans oublier le fameux “Vos gueules” avec “Le gars de la couv” où l’on découvre rien de très pertinent sur un énième jeune skater qui sera peut-être la future image du skate français un jour… Qui sait ? 

Il s’ensuit un portrait de 4 pages d’Arthur Fontis qui lui permettra une fois le mag publié, d’avoir un peu de contenu pour gratter sa prochaine dota Converse à ce bon vieux Luig’. On enchaîne avec une galerie de photos qui n’ont sûrement pas passé le casting chez Free, avant de finir par une pub Antiz, qui fera à coup sûr, vendre des centaines de milliers de boards… 

Avant de pouvoir enfin lire quelque chose d’intéressant à propos d’un urbaniste/chef de projet suédois BG de ouf, je dois me coltiner le même article de Sugar que l’an dernier à propos d’une poignée de quinquagénaires bedonnants, se justifiant du fait de traverser la planète pour faire du skate tourisme et de dormir comme des babos dans le seul but de se sentir encore jeunes, voire tout simplement, vivants. 

En tournant les pages suivantes, je (re)découvre l’artiste/skater Olivier Ente, plus connu sous le pseudo de “Tavu”. J’ai l’impression de connaître le travail de ce dernier depuis la création du Wu Tang… mais il est cette fois-ci intéressant d’en apprendre plus sur ses méthodes de travail et d’avoir quelques anecdotes sur une oeuvre en particulier. 

Me voilà à nouveau en train de feuilleter une galerie dans laquelle, je découvre avec stupéfaction, une photo de Vincent Boyom. Là où certains magazines ont attendu des années pour lui accorder un trick, Café Crème le fait dès son premier numéro ! Good job Bambs ! On passe ensuite à un portrait de Lawrence Ravail (qui se prononce plus comme Martin Lawrence que comme Lawrence d’Arabie). J’ai énormément d’affection pour ce réunionnais depuis notre rencontre à Marseille en 2019, où le pauvre, s’était littéralement cassé une jambe durant le premier jour d’un contest organisé par une association locale. Pour l’anecdote, il était mon coloc’ avec Adrien Bulard durant le week-end de l’event’. Ce dernier finira par dormir par terre, complètement ivre, après avoir dépensé tout son prize money dans une bouteille de Grey Goose et autre Ciroc dans l’épicerie la plus proche. 

Notre champion Rouennais réveilla tout l’appartement avec ses ronflements d’ours bourré à la vodka haut de gamme, dont notre jeune Lawrence qui souffrait à cause de sa jambe avant de pouvoir se faire enfin hospitaliser le lendemain… Depuis ce week-end ci, l’association BSM, pour ne pas la citer, m’invite chaque année dans une résidence vacances avec piscine et spa, certainement rongée par la culpabilité de m’avoir hébergé avec un personnage comme Adrien. 

Revenons-en à notre revue où il est question maintenant de très belles photos à propos des derniers jours d’un DIY à Malmö, des anecdotes plutôt drôles au sein du skateshop parisien Vega, en passant par une pub Lakai/Haze avec Bastien à Macba qui m’oblige à vérifier la date du jour pour être sûr que nous sommes bien en 2025 et non en 2007. Une chronique de Tura sur la dernière BD de Morgan Navarro, plus connu à Grenoble pour ses interprétations de Bob Marley et ses talents de pique assiette durant des évènements culturels que par ses talents de dessinateur. 

J’apprends une nouvelle fois dans les pages suivantes que Charlotte Hym, notre représentante française du skateboard féminin dans le monde est une personne adorable, intelligente et attentionnée. Rien de nouveau, mais toujours plus positif que Ben Aurélien pour Sundai, clairement décidé à ne pas vouloir se faire des amis. 

On finit enfin ces dernières pages par un texte de Léo Valls à propos de la créativité… que je n’ai pas lu. 

Guillaume Colucci himself.

Pour répondre aux questions de ce très cher Pontus, ce nouveau magazine ne manque pas de contenu, même si le concept n’a rien de vraiment novateur dans le milieu de la presse skateboardistique. 

Pour ce qui est de la question de rendre le produit “intéressant”, je pense que c’est à chacun de se faire son idée. Mais ce qui est sûr, c’est que ce premier numéro de Café Crème est très certainement plus passionnant que la chronique que vous venez de lire. 

Je vous laisse car je suis pressé de savoir comment Tony Soprano va s’en sortir avec ses problèmes familiaux, sa santé mentale et son statut de caïd de la pègre du New Jersey. Ciao !

Café Crème #1 est dispo ICI pour 5€.

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