LE BILAN 2023

C’était devenu une tradition depuis 2015 avec A Propos, qui sera donc perpétuée ici-même à la demande générale, avec quelques semaines de retard ! Pour les anciens épisodes, allez fouiller dans les archives…

Texte par Tura, illustrations par David Lanaspa

Sundai

En tant que vieux con, j’ai toujours trouvé les youtubeurs ridicules. Je trouvais aussi le contenu de La Skateboarderie dénué d’intérêt, j’en avais d’ailleurs fait une colonne dans A Propos #23 qui m’avait valu un coup de fil un peu énervé de Covalsky. Cependant, à l’heure des SMS, j’avais trouvé ça honorable qu’il m’appelle, surtout que si j’ai la gâchette facile à l’écrit, à l’oral je suis assez mauvais et je ne faisais pas trop le malin quand le téléphone a sonné. L’échange avait duré un moment et au final avait été plutôt constructif à mon souvenir. On a même fini par se croiser physiquement un jour et là encore, j’ai pu constater que je n’avais pas affaire à un demeuré qui aurait pu se contenter de me mettre son poing dans la gueule (j’avoue que je m’étais préparé à cette éventualité). Nous avions donc discuté cordialement, et l’idée d’un magazine papier avait été évoquée. Un an plus tard, La Skateboarderie devenait Sundai et le numéro 1 sur papier sortait dans les skateshops. Si le contenu reste encore discutable, on est quand-même loin de La Skateboarderie, et au prix du papier aujourd’hui et de l’état du business du skate en ce moment, l’effort mérite d’être souligné et encouragé.

LSD

Depuis la nuit des temps, quand les médias “mainstream” décidaient de parler de skate, c’était toujours très superficiel et plein de clichés sur la jeunesse. Il aura fallu attendre 2023 pour qu’un grand média s’y intéresse sans tomber dans ces travers, en quatre épisode de 50 minutes de La Série Documentaire sur France Culture, diffusés juste un an trop tôt… Parce que soyez sûr qu’avec Paris 2024, le superficiel, le racoleur, les étiquettes et les commentaires affligeants redeviendront la norme. Si vous avez raté ça, cliquez ICI.

Free Solo

Toujours dans le domaine de la presse papier, Free et Solo, les deux poids lourds européens des médias skate en sont arrivés à un mois d’intervalle à leur cinquantième numéro en 2023. A l’échelle du skate, faire un numéro 50, c’est un peu comme avoir cinquante ans… Naaaaan, j’exagère, même si malgré le fait que je n’ai pas grand chose à dire en terme de contenu, il y a un moment où il va falloir que l’un et l’autre se renouvellent, au risque de se voir rattrapé par Pocket (par exemple) pour qui l’année écoulée aura été la révélation. 

Mots croisés

On en avait eu un aperçu dans La Série Documentaire (épisode 4), mais c’était tellement aberrant qu’on avait encore du mal à y croire, jusqu’à ce que ça s’officialise. Il existe donc un service public de traduction du vocabulaire de la “glisse urbaine”, qui pour une raison inconnue et dans tous les cas irrecevable, a décidé qu’un grind devait s’appeler un glissé axial et un skatepark un planchodrome. Ça aurait été drôle si c’était pas aussi officiel que l’existence d’une “équipe de France de skate”, surtout que, d’après David Legoux (président du Groupement Interprofessionnel “Skateparks de France”), “Le mot “skatepark” a été intégré au Petit Robert en 2017” et qu’”il est utile de rappeler que ce mot anglo-saxon est en fait un réemprunt : le mot “park” vient du français “parc” et le mot “skate” vient du vieux français “eschace et de son cousin breton “skas” qui veulent dire “échasse”. Ces mots sont à l’origine du mot hollandais “schaats” qui lui veut dire “patin”. Il s’agit donc d’évoquer un moyen de se déplacer au-dessus de la surface de quelque chose. Bref, le mot “skatepark” est le plus adapté pour désigner notre espace de pratique favori et ce, partout sur la planète, à l’exception notable du Québec où on a curieusement préféré le néologisme de “planchodrome”.” Cliquez donc sur CE LIEN pour avoir une idée d’où finissent (une partie de) nos impôts.

Doobie 

S’il ne faut retenir qu’une seule chose de cette année 2023, c’est bien entendu le passage du statut de clown amateur à celui de professionnel de Victor Pellegrin, plus connu outre atlantique sous le petit nom de Doobie (ceci étant le petit nom d’un joint, et pas de culasse, là-bas). A lui donc les salaires mirobolants, les tournées en tente cinq étoiles en compagnie de Grant Taylor et les cannes à pêche en carbone ! Il existe même, déjà, un compte instagram à sa gloire (@cultofdoobie), qui anticipe sa déchéance et son prochain statut de “legend”. En attendant, on lui souhaite, comme on dit dans le Dauphiné “tout le bonheur du monde” dans cette nouvelle étape de sa carrière qui le mènera à n’en pas douter aux Jeux Olympiques. 

Decathlon

“Decathlon skateboarding”. J’avais commencé un petit texte sur la place du fameux supermarché du sport dans le skate, et puis finalement, le simple fait d’avoir eu l’idée d’aligner ces deux mots pour en plus en faire une marque est si absurde que ça en dit long sur leur opportunisme (à quelques mois des JO…). J’attends la board Oxelo “SUPPORT YOUR LOCAL SKATESHOP” et la boucle sera bouclée !