P’tit Ju est le type le plus cool que je connaisse. Je ne l’ai jamais entendu se plaindre. Jamais. Si en tour il faut dormir par terre avec pour seul confort une bouteille de Jack en guise d’oreiller, aucun problème. Il est toujours prêt à partir n’importe où avec n’importe qui, et s’il vous dit qu’il sera là à 8h demain matin, soyez sûr qu’il n’arrivera pas après 8h15. Bon, par contre, quand il décide de faire la fête, n’essayez pas de vous mettre en travers de sa route…
„QUAND JE SERAI VIEUX, JE N’AURAI PAS LE TEMPS DE REGRETTER“
[highlight]1_[/highlight]Est-ce que tes tatouages, en particulier ceux que tu as dans le cou provoquent des réactions aux gens que tu rencontres ou que tu croises dans la rue ?
Oui, souvent. On me demande si ça fait mal dans le cou, certains trouvent ça mortel, d’autres me disent que je ne trouverai pas de boulot plus tard ou que je vais regretter… Je leur réponds que non, je ne regretterai pas, ces tatouages signifient des choses pour moi, et quand je serai vieux, je serai pas très loin de la mort et je n’aurai pas le temps de regretter ! Quant à mes petits enfants ils m’auront toujours vu comme ça, donc ça ne les dérangera pas. Mais il y a des gens qui reconnaissent ce que certains tatouages représentent, comme le Cinq Cinq à Marseille, ou même le Carve Wicked, comme à Berlin la dernière fois quand un type dans la rue a reconnu le signe et qu’il essayait de le faire avec ses mains ! C’était marrant… Après, il y a aussi des gens qui me prennent pour un skin quand j’ai le crâne rasé (je suis aussi tatoué sur le crâne), et qui me demandent tout de suite si je suis facho ou antifacho. Je leur répond que je suis juste un skater qui aime les tatouages, c’est tout… Certains m’abordent direct « est-ce que t’es facho ? », pas bonjour, rien, alors je leur dis que c’est une drôle de façon de s’adresser aux gens ! Ah ah !
Low to far and high disaster à ‚Jemmapes‘ (Paris), le 7 octobre 2014
[highlight]2_[/highlight]Comment tu en es venu à tatouer toi-même ?
C’est mon tatoueur qui m’a filé une machine, après m’avoir fait essayé dans son shop. Au début j’ai commencé sur mes jambes, j’ai accroché, j’ai fait deux ou trois potes… Et puis là je commence à vraiment tatouer. Je ne sais pas si je ferai ça un jour professionnellement ou quoi que ce soit, mais ça me plaît… C’est super difficile, il ne faut pas faire n’importe quoi, les gens croient que c’est juste un stylo alors qu’il y a toute une préparation, il y a de l’hygiène… Et puis je n’aime pas faire quelque chose qui n’est pas préparé, il faut dessiner avant, à moins d’être un super bon tatoueur…
[highlight]3_[/highlight]Tu vis toujours à Marseille ?
Oui, j’ai un appart’ là-bas mais je suis tout le temps en déplacement, donc on va dire que c’est plus un pied-à-terre. Les trois quarts de l’année je suis sur la route, le reste à Marseille…
Pas tous les jours que vous verrez P’tit ju en street. FS smith, le 22 octobre 2012
[highlight]3bis_[/highlight]Ça ne te fatigue jamais, tous ces voyages ?
Si ! Là par exemple, cet été, je suis parti en Bolivie où je suis resté deux mois et à la fin j’en pouvais plus ! D’ailleurs je devais partir aux Etats-Unis deux ou trois semaines après, mais j’ai refusé. Quand on m’a demandé pourquoi, j’ai dit que j’étais fatigué…
„J’AI JUSTE DÉCOUVERT LE MONDE !“
[highlight]5_[/highlight]Qu’est-ce que tu penses que tous ces voyages t’ont apporté ?
Ça m’a permis de rencontrer plein de personnes différentes, d’avoir des potes un peu partout dans le monde, de skater plein d’endroits différents… Mais je ne pourrais pas dire ce que ça m’a apporté vraiment parce que ça fait tellement longtemps que je voyage que c’est devenu assez normal pour moi maintenant, donc je ne vois plus ça comme aller à la découverte d’un endroit… A chaque fois que je bouge c’est pour le skate, c’est pas vraiment personnel, je ne vois pas autre chose que le monde du skate. Donc c’est difficile pour moi de savoir ce que ça m’a apporté humainement… J’ai juste découvert le monde !
[highlight]5bis_[/highlight]Et il est comment le monde, alors ?[highlight][/highlight]
Il est vaste ! Ah ah !
Oververt BS disaster à Port Land (Basel), le 6 septembre 2013
Conversation réalisée le 7 octobre 2014, à Paris. Photos : copyright Tura/A Propos skatemag.