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Kenny possède la classe internationale, trois enfants et une vieille Mercedes. Mais bon, ça, vous le saviez probablement déjà. Il est aussi vegan. Pas sûr que vous étiez au courant. Il a aussi la petite quarantaine et une cheville récalcitrante. Vous le saviez, ça ?
„AUJOURD’HUI TU PASSES TON TEMPS À TE MONTRER COMPARÉ À L’ÉPOQUE OÙ C’ÉTAIT LES MAGAZINES QUI LE FAISAIENT“
Quand es-tu passé pro ?
En 1998, ça va faire bientôt 20 ans.
Quelles sont les différences, entre être pro aujourd’hui et être pro en 1998 ?
Je pense que les différences reposent surtout sur le fait qu’on ne nous voyait pas autant à l’époque. Avant on nous voyait seulement à travers les vidéos et les magazines et aujourd’hui on nous voit tout le temps. Je pense que c’est la chose la plus évidente mais en dehors de ça, il y avait moins de marques, moins de pros… Et j’ai l’impression que le skate d’une manière générale est plus fort, avec des pros que l’on regarde de la même façon où qu’il se trouvent dans le monde.
J’ai l’impression que de nos jours il faut surtout savoir se vendre soi-même.
Ça fait aussi partie du truc, aujourd’hui tu passes ton temps à te montrer plus ou moins directement comparé à l’époque où c’était les magazines qui le faisaient…
Aujourd’hui tu peux décider ce que tu veux montrer.
Oui, et ça a changé il y a environ cinq ans. Et ça a vraiment pris un tournant dans les deux dernières années, je trouve.
C’est ce que les sponsors attendent, aujourd’hui…
Oui, ils regardent tes followers et ce que tu postes. En même temps, il y a des types comme Jake Johnson ou Wes Kremer qui ne sont pas sur Instagram. Donc ce n’est pas indispensable et je pense que les marques ne devraient pas l’imposer. C’est juste une meilleure façon de voir la façon dont quelqu’un skate. Mais je pense qu’on se fait sponsoriser aujourd’hui pour les mêmes raisons qu’il y a 20 ans, sauf que tu en vois plus. (…) C’est peut-être plus difficile… bien-sûr c’est plus facile d’être vu, mais plus difficile de sortir du lot. Ça dépend aussi de ce que tu veux faire : est-ce que tu veux être sponso par une grosse marque américaine ou est-ce que tu veux skater pour une petite marque qui fait son truc et qui au final aura le même impact ? Donc ça dépend de là où tu veux te situer. Et c’est vraiment comme ça, regarde tous ces crews qui viennent de partout dans le monde… Ça me rappelle mon crew, quand j’étais plus jeune. Aujourd’hui on aurait notre propre marque de boards !
J’imagine que tu n’aurais jamais imaginé être toujours pro à l’âge de 40 ans…
Non… Mais ce n’est pas un truc auquel tu penses. Quand je suis passé pro à 20 ans, je pensais que ça serait fini à 25 ou 26 ans ! Le temps passe sans que tu t’en rendes compte et tu grandis en même temps que le monde évolue. C’est cool de voir comment le skate évolue, et j’ai l’impression d’avoir évolué là-dedans naturellement…
Comment tu restes en forme ? Tu fais des exercices ?
Oui, à fond ! Je tiens à avoir une vie saine : je mange bien, je respire, je médite, je m’étire bien-sûr et je prends du temps pour moi-même. C’est ça qui est important. (…) J’aurais bien aimé qu’on m’apprenne ce mode de vie plus tôt !
Fakie thruster, 2014. Photo : Jon Coulthard
Comment vont tes genoux et tes chevilles ?
Ça va beaucoup mieux ! Il y a deux ans, deux médecins m’ont dit que j’avais besoin d’une opération reconstructive si je voulais continuer à skater. J’aurais pu continuer à marcher sans trop de problème, comme quelqu’un de « normal », ah ah, mais je n’ai pas aimé ces deux options. Alors je suis allé voir un autre médecin aux méthodes plus douces qui m’a dit qu’il avait vu pire et qu’on pourrait réparer ça. Il m’a donné de l’espoir et on a commencé toute cette procédure : manger mieux, respirer, faire des exercices, et je ne me suis pas senti aussi bien depuis six ou sept ans. Et j’ai commencé il y a à peine un an et demi, à 39 ans, alors qu’entre 35 et 38 ans, ma cheville ne tenait plus à grand-chose !
Et tu n’as jamais été le genre de type à te balarguer sur des gros rails ou des marches…
J’ai eu ma période rails et marches, c’était marrant, j’aimais bien ça, mais à un moment ça ne m’amusait plus vraiment. Je l’ai fait, j’ai fait des contests, mais je n’ai plus les mêmes envies qu’il y a dix ans. Le skate est un art, tu devrais pouvoir t’exprimer de la façon dont tu as envie, et c’est ce que c’est devenu pour moi…
On entend souvent lorsque quelqu’un passe pro mais rarement quand quelqu’un perd son nom sur une board. Est-ce que c’est une chose à laquelle tu penses ?
Oui, bien-sûr, je n’y pense pas pus que ça mais c’est normal que ça arrive quand tu skates depuis si longtemps, et que tu commences à t’impliquer un peu plus dans la marque. Parce que tu as une certaine expérience, et que tu as envie que Chocolate existe, que Converse tourne… Donc oui, tu t’y prépares d’une manière ou d’une autre. Mais je n’ai jamais pensé à ce que je ferai quand je n’aurai plus mon nom sur une board parce que dans tous les cas, je ferai toujours du skate !
Tu te vois où, à 50 ans ?
Je sais que je ferai toujours du skate. Pro ou impliqué dans une marque, ce n’est pas comme ça que je pense, je ferai quelque chose que j’aime où je peux m’exprimer, que ce soit dans le skate, pour une marque ou simplement dans l’art… Ça se passera naturellement. Le skate m’a apporté beaucoup d’opportunités, ça a fait qui je suis aujourd’hui, et je vais suivre cette direction, peu importe dans laquelle elle va.
Tu verras bien ce que ça va t’apporter.
Oui, on expérimente, on est constamment en train d’apprendre et d’évoluer. Je travaille beaucoup à vivre dans le présent, alors quand tu me parles du futur… Je sais comment je veux me sentir mais qui sait ce que je ferai ?
Entretien réalisé en octobre 2017 à Paris.
Five-o, Berlin 2010. Photo : Tura
Kenny has style for miles, three kids and an old Mercedes-Benz. But you probably knew this. Did you know that he’s also vegan ? He’s now in his forties and has been through hard times with his ankle. Not sure you know that either.
When did you turn pro ?
1998, it will be 20 years soon !
How different is it to be pro now than it was 20 years ago ?
I guess it’s the differences everyone sees as far as not seing much. Back then it was all about videos and magazines and now it’s the daily dose of whoever. I think that’s the most typical way, but outside of that, there was less companies back then, less pros… And maybe the global scene. I feel like it’s way stronger now, with pros that are being looked out on the same level as opposed on being segregated in a sense.
I feel like nowadays you have to promote yourself alone.
That’s part of the thing too, you’re now constantly indirectly promoting yourself compared to when it was up to the magazines…
„THEY LOOK AT FOLLOWERS AND WHAT YOU POST“
Now you decide what you want to show.
Exactly, that changed even five years ago. And it really shifted out in the last 2 years, I think.
Sponsors really expect this, now.
Yeah, they look at followers and what you post. But at the same time, someone like Jake Johnson, he doesn’t have Instagram. Or Wes Kremer, so it’s not like it’s necessary and I don’t think companies should dictate on that. I think it’s just a better way of seeing someone the way they skate. But I think you still get sponsored for the same reasons as 20 years ago, now you just see a lot more.(…) I think it’s just harder nowadays, it’s easier to be seen for sure, but it’s harder to come out. It also depends on where you want to be, do you want to be on an American company that’s a big name ? Or do you want to be on a local board company crew that’s doing it and making an impact just the same ? So it’s kind of like where you want to be that determines how hard it’s gonna be. And I really like that, all these crews that come up globally… That reminds me of my crew back then. If we were that young now, we would have our own board company.
I guess you would never have thought you’d still be pro at the age of 40…
No… I mean, you don’t even think about it. When I turned pro at 20, last thing I thought I’d be pro at 25 or 26 ! Time goes by and you don’t realize you and the world are growing together. It’s cool that the skateboard community grows together so I feel like it’s just naturally being pushed to how long you can skate…
How do you keep up, do you exercise ?
Yeah, for sure ! Health is a big part of my life : eating properly, breathing, meditating, stretching of course and taking time for yourself, in every way. That’s the thing. (…) I wish that’s something someone would have taught me when I was in my twenties!
How’s the ankles and knees ?
They’re great now. A couple years back, I had 2 sports doctors telling me I needed reconstruction surgery or stop skating. Like if you just stop skating and just walk, you’re fine, like a ‘normal’ human, ah ah ! I didn’t like these 2 options obviously, and I ended up seeing a natural doctor who said he had seen worse and thought he could heal it. So it gave me hope, and we did this natural procedure through diet, breathing, exercising, and I haven’t felt that good in 6 or 7 years ! And I started it all a year and a half ago, at 39, when between the age of 35 and 38, it felt like my ankle was barely hanging on.
One step beyond (Adio), 2002
And you were never really the kind of guy jumping down crazy stairs or rails…
I had my share of stairs or rails, it was fun, I liked it, but at some point that didn’t fulfill me anymore. I pushed myself on rails, or even contests, now I don’t have the same drive as in my late 20’s. Skateboarding’s an art form and you should express yourself the way you wanna skate, that’s kind of what it turned into for me…
We hear about people going pro, but never really hear when they lose their name on a board. Have you ever thought about that day ?
Yeah, of course. I don’t really think too deeply, but it’s natural when you’ve been around for so long that you start helping others, the companies more. Because you gained the knowledge and an insight, and you care to keep Chocolate around, you care to make Converse working, you know… So of course you prepare for it in a sense… I never thought « what am I gonna do when my name’s not on a board », ‘cause I’m gonna skateboard anyway !
Where do you see yourself at the age of 50 ?
Definitely skateboarding. Pro, or things like that ? I don’t think like that, I’ll be doing something I love and where I can express myself, I can be skateboarding, a brand, any sort of art form… That’s gonna happen naturally. Skateboarding brought so many opportunities to me, it created who I am, that’s what I’m gonna follow, whatever it is.
You’re gonna see what it brings next.
Yeah, experiment, we’re constantly learning and evolving. I practice a lot living in the present, so when you ask me about the future… I know how I want to feel but who knows what I’ll be doing !
Oct. 2017, Paris