5 QUESTIONS : LOIC BENOIT

Le problème avec Loïc, c’est qu’il ne réfléchit pas avant de parler ni d’agir. Alors forcément, parfois, ça fout le bordel mais le plus souvent il se passe des trucs. Et tout le monde ne peut pas en dire autant. A part ça, Loïc fait des photos, a été actionnaire chez Antiz pendant de nombreuses années, est team-manager Vans France, plus ou moins associé chez Soma, instigateur du zine Lyonnais Gone, adepte du speed dating et idéaliste devant l’éternel… Ouais, ça fait beaucoup, alors je me suis juste contenté de lui parler de photo, là…

Copyright_Loic_Benoit„Girl smoking at the window“, (moi aussi „j’aime les filles“ – LB)

[highlight]Q[/highlight]uelles ont été tes premières photos publiées ?
Je crois que ma première pleine page était une photo de Koston au contest de Lausanne en 96, qui a dû paraître en 98, pour un concours photo Freestyler. Et puis dans la foulée, j’avais eu des photos de MDV dans Tricks en 99 !

[highlight]Q[/highlight]u’est-ce qui t’a décidé à faire des photos de skate ?
Bah… J’ai vite compris que je ne serais jamais pro. Je me suis niqué un genou à 18 ans et moi qui sortais du monde du BMX avec chronomètres et sponsors, j’avais vite compris que dans le skate je ne serais pas du côté des pros. Donc je m’étais mis à la photo, surtout pour faire de la photo de skate. Mon premier achat a été un Canon AE1. Je voulais un fisheye mais ça coûtait la peau du cul, donc je me suis contenté d’un 24mm pendant des années. J’ai vraiment fait de la photo pour faire de la photo de skate, faire comme Atiba, de la diapo, du traitement croisé…

„LES MAGAZINES NOUS PAYAIENT PLUS, À L’ÉPOQUE“

[highlight]T[/highlight]u as été longtemps super réticent au numérique. Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
Quand c’est devenu un métier. C’est réducteur, mais il faut savoir qu’à 90%, aujourd’hui mes photos vont directement sur Facebook et Instagram… Le jour où j’ai quitté Antiz et où j’ai décidé de travailler pour moi, ça a été l’heure de passer au numérique. Après, je suis rentré dans le numérique à l’heure du Nikon D3, ce qui a aidé. Il faut être conscient que quand le numérique est arrivé, c’était dur de faire une pleine page. Je ne voyais l’avantage que pour les séquences mais je n’ai jamais aimé ça. Donc j’ai attendu longtemps et puis en 2006 ou 2007, je suis passé au numérique avec un D3. (…) Il y a aussi le fait que les péloches représentent un certain budget qu’on n’a plus. Les magazines nous payaient plus à l’époque, et moi, je ne suis pas un fils à papa, j’ai besoin de facturer…

Copyright_Loic_Benoit__Joseph Biais, Flip triple set, Hambourg

[highlight]A[/highlight] quand remonte la dernière fois que tu as mis un film dans un appareil ?
Il n’y a pas si longtemps. J’ai un vieil AE1, un Xpan que j’emmène partout… Donc je pense que ça remonte à cet été, des photos d’ambiance… Des photos argentiques publiées, par contre, ça remonte !

[highlight]J[/highlight]’ai l’impression que tu retardes ton arrivée sur Instagram et les réseaux sociaux de la même façon que tu as retardé ton passage au numérique…
Oui… ça viendra peut-être. Je ne suis pas un réfractaire ni anti-progressiste mais le vieux bougon qui sommeille en moi dira que c’était mieux avant… Après, j’ai déjà un blog, les gens qui s’intéressent à moi savent où me trouver. Je n’ai pas besoin de raconter ma vie sur Instagram…

„LE VIEUX BOUGON QUI SOMMEILLE EN MOI DIRA QUE C’ÉTAIT MIEUX AVANT“

[highlight]I[/highlight]nstagram est un media de photo, tu n’es pas forcément obligé de parler de toi.
Moi je m’exprime à travers la photo dans les magazines depuis 18 ans, je trouve que ça ne sert à rien de le faire via un téléphone. En plus, Facebook, tout ça, je trouve ça très voyeuriste et je n’ai pas envie de devenir con en allant voir ce que les autres foutent sur internet. Je préfère aller dans un bar et discuter… Mais peut-être que j’y viendrai, comme quand je crachais sur les boissons énergisantes pour finir par bosser pour eux !

[highlight]E[/highlight]st-ce qu’on peut vivre de la photo de skate, en France, en 2015 ?
Non. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de magazines…

Copyright_Loic_Benoit_Remy Taveira, BS wallride, Paris

[highlight]C[/highlight]’est le fait qu’il n’y ait plus beaucoup de magazines qui t’a donné envie de lancer Gone ? Pouvoir diffuser des photos qui ne passaient nulle part ailleurs ?
Non, ce n’est pas forcément pour ces raisons. C’était à l’époque de l’engouement pour ces petits magazines comme A Propos, le format m’intéressait, et il y avait ce mouvement dynamique pour la scène de Lyon, j’avais envie de donner de la motivation aux jeunes.

„MONTRER L’EXEMPLE DE GENS QUI SE BOUGENT LE CUL“

[highlight]D[/highlight]onc c’était plus l’idée de rassembler tout le monde ?
Non, le côté « hippie » des choses, je m’en fous… Moi c’est plus le côté « ne restez pas assis sur votre chaise à vous plaindre » ! J’ai envie de montrer l’exemple de gens qui se bougent le cul. Il y a plein de gens à Lyon qui parlent, et qui ont parfois de bonnes idées, mais il n’y en a pas beaucoup qui remontent leurs manches.

[highlight]Q[/highlight]uand sort le prochain Gone ?
Début ou fin juin. Impossible de savoir aujourd’hui ce qu’il y aura dedans… Peut-être une interview de Michaël Gazon, qui est le bon exemple d’un mec qui se bouge le cul !

Entretien réalisée le 25/02/15 à Paris.
Le blog de Loïc avec du skate et des filles presque nues, c’est ICI.