5 QUESTIONS : QUENTIN CHAMBRY

Juste après la station service, la maison du 126 avenue du Général Leclerc à Rennes, abrite 4 colocataires, des chats, une galerie d’art et un jacuzzi. Le bail est précaire parce que la maison peut être rasée dans un mois, un an… Quentin vit là avec en autres un certain Hugo Maillard, fait venir des artistes du monde entier dans son garage, et produit le zine Black Out.

Quentin_wallieWallie

[highlight]1_[/highlight]Que devient le 126 ?
Eh bien ça fait trois ans et demi qu’on est dans la maison, on vient de fêter les deux ans de la galerie, et on doit être à plus d’une douzaine d’expos au compteur ! La mini rampe est repartie à la déchetterie, mais en même temps, faire une mini dans un jardin à Rennes, c’était pas la meilleure idée… Hugo (Maillard) essaye de dessiner des plans pour une mini avec un toit mais je ne crois pas que ce sera pour tout de suite ! Avec Toto, ils sont en train de monter un studio son dans la maison. Je ne suis pas vraiment dans le coup, je suis plus atelier peinture ou à la rigueur guitare acoustique, mais j’aime bien venir squatter et faire quelques notes sur le synthé !

[highlight]2_[/highlight]C’est quoi, ton rôle, dans cette maison ?
Avant qu’il y ait Toto (Thomas Delahaye), j’étais l’ainé, donc je pense que j’avais un peu un rôle de grand frère. C’est une maison-atelier donc on vit ensemble, on se marre beaucoup et puis chacun développe ses projets artistiques de son côté aussi. En ce moment je chapeaute un peu plus le projet de galerie parce que j’ai plus de temps, même si on essaye de se répartir les tâches. Mais ça dépend des expos. Là, par exemple pour Chris Millic, c’est Hugo qui s’en occupe le plus puisqu’il en est à l’initiative, mais pour Stefan Marx c’était moi qui gérait, donc ça dépend vraiment des projets, même si dans le cadre de la galerie, on est autant commissaire d’expo que régisseur, communiquant, médiateur…

126Le jacuzzi est au-dessus du garage.

[highlight]3_[/highlight]Quelles sont les prochaines expos de prévues ?
Là, il y a « Zines of the zone », une librairie nomade avec une collection de zines photo le temps d’un week-end, mais la grosse expo sur laquelle on bosse, c’est Hugo qui fait venir Chris Millic des États-Unis en mai-juin.

Vous arrivez à prévoir beaucoup à l’avance ?
On est un peu obligé de prévoir à l’avance pour communiquer, mais surtout pour espérer toucher des aides de la ville. On doit toujours présenter un programme, mais c’est vrai que cette année, il y a eu quelques couacs : on a eu un artiste qui s’est retrouvé avec un emploi du temps bouché parce qu’on avait pas suffisamment programmé et un autre qui s’est pété le genou. Donc on a fait une exposition en direct par Skype avec les gens de Rennes et lui à Postojna, en Slovénie ! Donc oui, il y a une part de sérieux, et puis une part de désorganisé parce qu’on est tous un peu des loustics… Mais c’est cette balance, je pense, qui fait que le projet est intéressant.

„IL Y A AUSSI DES MOMENTS OÙ ON EST PLUS OISIFS“

[highlight]4_[/highlight]Est-ce que le fait que vous puissiez vous faire virer de la maison à tout moment, avec le bail précaire que vous avez, joue sur les projets ?
On pourrait se dire ça de l’extérieur, mais au final, on va peut-être rester encore un, deux ou trois ans, on ne sait jamais… Donc ça presse pour faire les choses, mais il y a aussi des moments où on est plus oisifs. C’est une pression assez bizarre, on vit un peu dans une bulle.

Quentin_nocomplyOllie up, step hop

[highlight]5_[/highlight]Qu’est-ce qui te pousse à faire un zine, Black Out, sur papier ?
En fait, quand Pacôme (Gabrillagues) s’est barré à Paris, enfin même si lui, c’est surtout de la vidéo, on n’avait plus de projet motivant pour dynamiser la scène. Moi je ne fais pas du tout de vidéo, je l’aidais juste pour des habillages graphiques ou ce genre de choses, alors je me suis dis que le papier serait plus mon support. Au tout début, j’imprimais avec un photocopieur dégoté au boulot de mon père, et puis au troisième numéro, je crois que j’ai trop abusé du toner noir. La machine est tombée en panne… Au final, c’est David Couliau qui nous avait dit que son studio, à Nantes, se séparait de son photocopieur, alors je suis allé le récupérer. Je lui dois une grosse chandelle ! (…) Comparé à un support numérique, créer l’objet est très « jouissif », ce côté hyper plastique et manuel, j’adore ça. Tu y passes plus de temps que pour poster un truc sur internet, c’est plus réfléchi… C’est une autre manière de faire passer de l’information. Il y a des blogs à Rennes qui postent régulièrement des choses et je sais très bien que je n’aurais jamais la même cadence, donc au final, je suis sur un autre propos…

Ça sort tous les combien ?
Au début c’était tous les trois mois, ensuite tous les quatre, cinq… et là, le dernier est paru en juin (2014). Donc ça fait quasiment un an que rien n’est sorti. Je suis accaparé par d’autres activités mais il y a aussi le fait que je n’ai pas la même matière que d’autres grosses villes en France, Rennes est plus limitée. Donc peut-être que j’ai plus envie de transformer ça en espèce d’édition autour du skate plutôt que de garder le format magazine « classique ». Mais c’est encore en chantier dans ma tête !

„J’ACCEPTE DE LE METTRE EN LIGNE, MAIS JE NE VEUX PAS QUE ÇA SOIT TROP FACILE !“

J’ai vu que tu avais mis un numéro en ligne…
Oui, j’ai juste mis le premier numéro, pour faire patienter ! Je me suis amusé à poster ça sur Facebook. Comme Facebook propose des « pages », j’en ai créé 40 pour chacune des pages du premier numéro ! Je pense que plein de gens n’ont pas compris, mais je l’ai fait exprès ! C’est l’idée que les gens aient à faire un effort pour le lire, de la même manière que les gens vont faire l’effort de venir le chercher, ou l’acheter. J’accepte de le mettre en ligne, mais je ne veux pas que ce soit trop facile !

On peut le trouver où ?
Au skateshop à Rennes (Bears skateshop – NDLR) ou dans le dépôt-vente de la galerie. J’avais essayé de démarcher d’autres shops mais le côté dépôt-vente, ça n’arrange pas toujours les shops… Sinon, on peut le commander via le site.

Prochain numéro en juin ?
Oui, ou avant !

Quentin_portrait

Entretien et photos réalisées les 8 et 9 avril 2015, à Rennes.