A PROPOS DE SKATE CREW

Vingt ans que ça dure. Je me souviens même du jour où Alex Collignon nous a annoncé qu’il lançait une marque de hardware. Skate Crew. Je n’aimais pas le nom, alors je lui avais dit. Mais Alex ne l’avait pas mal pris. Vingt ans plus tard, il semblerait qu’il ait même été plutôt visionnaire aux vues du succès de Sk8 Mafia ou Skatemental… Même Cliché, qui avait à mon avis le meilleur nom qu’une marque puisse avoir, n’a pas tenu 20 ans… 

AlexAlex, cheville en vrac, sur la route de Barcelone, 2001

J’ai une affection particulière pour Skate Crew. En 2001, avec Alex, Franz Baumgratz, Soy Panday, Rico Saxy, Arnaud Brémard, Benjamin Deberdt, Benoît Fruitier, Nicolas Eustache et d’autres, on est allés passer une dizaine de jours à Barcelone. Premier pèlerinage pour la plupart d’entre nous. On était tous à fond, forcément. Et un soir, après une longue session à Universitat, Alex est venu me voir et m’a dit un truc à peu près comme ça : « Ah mais tu skates bien, tu voudrais pas être dans le team ? ». Le genre de phrase qu’on rêve d’entendre quand on est ado, quoi. Je n’ai jamais été un bon skateur d’une manière générale, mais je me souviens de cette session et si je m’en souviens, c’est sûrement parce que j’avais bien skaté. Mais j’étais déjà un peu dans le business des magazines et je me refusais d’être affilié à une marque. J’avais décliné l’opportunité mais ce fut un peu ma petite consécration, aussi parce que par la suite, plus personne n’a jamais eu l’idée folle de me poser la même question… Cela dit, ça n’a jamais empêché Alex de m’envoyer, occasionnellement, des petits colis…

Et puis avec Skate Crew, Alex ne s’est jamais contenté d’apposer le nom de sa marque sur des roulements ou des vis. Il a toujours cherché à innover, à développer ses propres produits, à essayer de produire plus localement, voire carrément dans son garage. Bon, parfois la qualité était contestable (je me souviens avoir cassé les 8 roulements céramiques les uns après les autres en une semaine qu’il m’avait envoyé, aux alentours de 2008… Je crois bien que c’était des roulements de test, qui avaient justement échoué à l’épreuve des trois marches de Bastille…). Mais Alex a su apprendre de ses défaites et a toujours essayé de faire les choses d’une manière différente, conscient de certains enjeux, notamment écologiques. Même si tout le monde s’en fout que son grip soit fabriqué en France et qu’il coûte plus cher qu’un rouleau importé de Chine, il reste persuadé que c’est la meilleure chose à faire et que les gens finiront par comprendre.

J’vous aurais bien parlé de l’époque du skatepark (couvert) de Provins dont il était l’instigateur (avec son pote Benoit Copin), de ses ruches, de sa barre à slide sur roulettes et de toutes bonnes choses qu’il a fait pour faire avancer l’bout d’bois, mais j’en garde encore un peu, et on reparle de tout ça dans 20 ans !