A PROPOS DE VENDREDI 13 NOVEMBRE

Est-ce le rôle d’un magazine de skate de réagir sur l’actualité ? Si l’on part du principe qu’un magazine, de skate ou non, est un média, alors la réponse est oui.

JesuissurlespotSQ

Je me suis donc longtemps posé la question, et puis j’ai décidé de le faire. D’abord parce que, pas plus qu’à l’époque des attentats de Charlie Hebdo, aucun autre média skate français ne s’y est risqué, et ensuite parce que même si le skate n’est pas le meilleur sujet pour aborder l’actualité, en tant que média (qui a donc des lecteurs), on ne peut pas rester muet face à ce qu’il se passe autour de nous.

Vivant à à peu près à mi-chemin entre le Bataclan et la rue de Charonne, je ne vais pas faire comme si j’avais vu ou entendu quelque chose : je suis rentré chez moi dix minutes avant les premiers coups de feu et j’étais dans mon canapé quand j’ai appris ce qu’il se passait. Ensuite j’ai fait comme tout le monde : j’ai jonglé entre Internet, la radio et la télé, et puis j’ai fini par me coucher épuisé par le poids de l’actualité et un trop plein d’informations.

J’habite dans un quartier bobo. Je suis d’ailleurs peut-être un bobo, voire même un hipster pour certains. Et si les sales types avec leurs kalash’ se sont attaqués à ce quartier, c’est qu’ils le connaissaient probablement (à part le Bataclan, les autres bars ne sont pas sur des grands axes) et probablement qu’ils détestaient tout ce qu’il représente. Visiblement ils détestaient aussi le rock’n roll, et probablement donc qu’ils détestaient aussi le skateboard…

Alors, dans une moindre mesure, peut-être peut-on dire que faire du skateboard est devenu, au même titre que boire des coups en terrasse ou aller à un concert, un acte politique. Un truc qui fait chier les têtes de cons comme ceux à qui on a eu à faire ce vendredi. Ce qu’on va faire, donc, c’est surtout ne pas céder à la terreur et continuer à faire du skate Place de la République (enfin, si les télés veulent bien nous faire un peu de place) et ailleurs, pour les faire chier autant que possible. Montrer aux potentiels nouveaux sales types que rien ne changera nos habitudes.

C’est sûr qu’on éradiquera pas l’obscurantisme et la connerie humaine en faisant du skateboard mais bon, puisque finalement on ne peut rien faire d’autre contre, autant se dire ça, non ? Ce qui est certain, c’est que ce sera toujours mieux que de s’abrutir devant la télé, et ce sera même l’occasion de prendre des nouvelles des potes.