Les „fanzines“ ont toujours existé dans le skate en France, mais il semblerait qu’il y ait un renouveau, notamment depuis les différents confinements… Etat des lieux avec Magdezine, basé à Paris, deux numéros au compteur. (Le premier épisode de la série est ICI, avec Hometown.)
Combien êtes-vous à bosser sur le zine ?
Gwendolinn Ledesma : Pour l’instant nous sommes deux : Camille Rigou-Chemin, qui s’occupe de la mise en page du mag papier et de sa direction artistique. Et je m’occupe de tout le reste. À l’avenir, on aimerait agrandir l’équipe pour être plus rapide et avoir plus d’idées. On est d’ailleurs à la recherche d’une nouvelle personne pour nous aider sur la mise en page du mag papier.
Comment est née l’idée et combien de temps ça a pris pour que ça sorte ?
L’idée est née pendant le confinement de 2020, en lisant des mag de skate, j’ai commencé à écrire une idée de mag, juste pour rire. Puis j’ai continué à développer l’idée pendant un an, toujours pour rire. Et en 2021, j’ai créé le logo avec une amie, Rachel Cuneo. C’est là que le projet à réellement vu le jour. Pendant une année, j’ai fait les interviews, trouvé des photographes, une dessinatrice, et des marques prêtes à mettre une page de publicité.
Quand est sorti le premier ?
Le premier numéro est sorti le 25 février 2022, soit un an après le début du projet.
Quelles ont été les plus grosses difficultés ?
La première difficulté à été de me lancer et d’assumer le projet. J’ai été dans le déni jusqu’à ce qu’il sorte réellement. Sinon la plus grande difficulté c’est de ne pas avoir une équipe. À part Camille, qui s’occupe de toute la mise en page. Il me reste les réseaux sociaux, le site internet, les publicités, la distribution, les interviews, l’organisation d’évènements… J’ai un gros problème avec le temps. Et puis après y’a les problèmes qui font chier comme les retards de livraisons ou les problèmes d’impression !
On est en 2023, à peu près tout se passe sur les réseaux sociaux, pourquoi faire un zine sur papier alors que ça ne coûte rien sur le net ?
Au-delà du coût, un zine papier permet de perpétuer l’histoire des magazines de skateboard, créer des archives, imprimer des photos de qualité, lire sur du papier, écrire sur du papier, profiter d’un objet réel que l’on garde au fil du temps, comme un précieux souvenir. À mes yeux, les contenus perdent énormément de valeur en étant postés sur les réseaux ou sur le net. Ça a un côté éphémère qui a ses avantages et ses inconvénients.
Est-il prévu de le mettre aussi en ligne ?
On a déjà un site internet : magdezine.com. Mais on l’utilise seulement pour écrire quelques articles sur des événements, mettre en ligne les numéros lorsqu’ils ne sont plus disponibles en papier, et pour avoir une présence “crédible” sur le net. Pour l’instant ce n’est pas prévu de s’investir plus en ligne : le projet est d’abord papier.
Quel est le tirage et comment est financé le zine ?
Le premier numéro a été tiré en 700 exemplaires et distribué en Île-de-France. Le second a été tiré en 1 500 exemplaires et distribué dans toute la France. Le mag est financé par les publicités et distribué gratuitement.
Comment est-il distribué ? Comment peut-on se le procurer ?
Pour l’île-de-France, je me suis chargée de la livraison en roulant de shop en shop. Et pour le reste de la France, V7 Distribution s’occupe d’envoyer les mags aux quatre coins du pays. Il est aussi disponible en commande sur notre site internet. On essaie de tenir une liste de distribution à jour sur notre site et en « story à la une » sur Instagram.
Est-ce qu’il y a une périodicité de prévu ?
On aimerait arriver à faire deux mags par an pour commencer. Le prochain est prévu pour la rentrée, du moins on l’espère !
Qu’est-ce qui différencie un magazine d’un fanzine de skate, selon toi ?
Je dirais qu’un fanzine est plus personnel, on y met plus d’avis et de créativité, il n’y a pas de limite et sa production est indépendante. Là où un magazine va être régi par des règles strictes qui vont le rendre impersonnel. Mag de Zine c’est plutôt un fanzine dans ce cas-là, mais on l’appelle souvent magazine pour deux raisons : on réserve le mot “zine” aux skateuses, et le jeu de mot de notre nom fonctionne avec “magazine”.
Quel regard portes-tu et qu’attends-tu des médias skate français ?
La France compte pas mal de médias skate, en comparaison à nos pays voisins. Mais j’ai l’impression que les médias skate français ne sont pas assez recherchés, dans le sens où ils dictent l’actualité sans aller plus loin. Les plus grands médias ne sont pas originaux et impersonnels dans leur écriture. Les meilleurs projets sont des projets amateurs et personnels qui réinventent l’actualité du skate, tout en gardant ses valeurs. J’espère que Mag de Zine deviendra un de ces médias originaux, qui bousculent les codes et qui surprennent le lecteur.
Je trouve qu’au contraire, la France est vraiment à la traine en terme de media skate. En Allemagne ils ont Pocket, Monster, Solo, Place, Irregular qui sont vraiment actifs et qui se positionnent en vrais magazines et tous gratuits je crois, en Angleterre il y a Grey, Free, North, Companion, Vague… En France, il y a Sugar à 5 ou 6€… Quelles sont tes références actuelles et passées en terme de médias skate ?
Mon premier mag de skate ça a été un Thrasher France avant même que je monte sur un skate. Puis en skatant au Cosanostra Skatepark, j’ai découvert À Propos et Soma. J’ai toujours plus accroché aux médias skate papier qu’aux médias digitaux. Actuellement mes médias de références sont À Propos et Ob’session Magazine pour la France. Et Free skatemag, Dolores magazine, Oh-So Magazine, Mess Skatemag, et Skateism pour l’international. J’ajouterais Forever Playground qui met en lumière les projets sociaux dans le skate et que j’aime beaucoup. Aussi, en ce moment, je me mets un peu plus aux podcasts, avec notamment Beyond Boards (en anglais), et bien sûr Big Spin Podcast (en français) que j’écoutais déjà.
Entretien réalisé par emails interposés en février 2023.