Détestées autant que vénérées, les chroniques de Nicolas „MDV“ Levet sur ce qui fut nommé „la blog de la haine“ n’épargnaient rien ni personne, et auront valu une fatwa sur sa tête. Retiré depuis dans un monastère en Chartreuse, j’ai pensé qu’une fois de temps en temps, il serait de bon augure de faire appel à lui pour avoir son avis sur une vidéo ou tout autre fait d’actualité du monde merveilleux du skateboard. Voici Albion, une vidéo anglaise indépendante disponible ICI pour 8 livres Sterling.
Salut les fombz !
De retour dans le milieu du fun après avoir essayé de percer dans le monde de la trottinette, je reviens à mon premier amour : la trott‘ sans guidon. Je dois dire que c’est trop extrême la trott“, personne n’est sponsorisé par un équipementier sportif ou une marque de poison énergisante, les mecs sont trop „hardcore“.
Donc Tura m’a demandé de chroniquer une vidéo anglaise qui lui tenait à coeur. Je dois dire que ça m’a fait un peu peur car les vidéos anglaises pour moi, c’est des vidéos chiantes de type : on se prend pour des bogoss car on pousse sur du pavé, on écoute Portishead et on boit du thé, donc des mecs chiants et hautains qui se branlent devant l’art contemporain (je vous conseille plutôt Jacquie et Michelle pour la pratique de l’onanisme) mais je fus agréablement surpris car cette vidéoanglaise casse un peu les clichés sur la scène skate de la Perfide Albion.
L’intro est de type classique avec de la musique chiante, jusque là tout va bien. On commence avec Dennis Lynn qui me fout direct la haine avec son bob de merde sur la tête. Sérieux, les seuls mecs qui mettaient des bobs à l’époque, c’était les beaufs en baggy short, queue de cheval et bouc taillé „D’Artagnan“ qui déambulaient en longboard sur les skateparks, bref le genre de mec dont tout le monde crachait dessus, et depuis que Jason Dill arbore fièrement tel un blason un putain de bob, tous les jeunes au caractère bien trempé l’ont adopté. À part ce petit détail, sa part‘ est vraiment efficace : spots inconnus, polyvalence, lecture de spot de type rue et musique de merde.
Tom Harrison, BS lipslide
On enchaîne avec une part‘ „melting pot“ avec que des mecs que je ne connais pas et un peu de „voyouserie“ avec une épée pour nous tenir éveillés. Kris Vile est un peu plus „temps des marteaux“ que Dennis Lynn mais il reste bien „rue“. Par contre il ne pourrait pas être dans la vidéo Supreme vu qu’il ne skate pas torse-nu avec le pantalon sous les bras et un faux style de Dylan Rieder. Charlie Birth essaye de faire mieux mais c’est chiant, avec une musique electro-pourrave, je vous conseille donc de l’oublier rapidement comme votre dernière vidéo matée sur „Teub crade“. Nick Remon relève le niveau malgré son steez faussement détendu de type „bras collés le long du corps“. Le nose bump 360 m’a fait rêver et le reste est assez bon, et puis pour le style OSEF de toute façon c’est bien connu, il n’y a que les mecs nuls qui skatent la nuit qui en ont.
Après une interlude de type „jeune femme avec un bonnet sur le visage qui nous démontre encore une fois que c’est cool de prendre de la drogue“, c’est Karim Bakthaoui qui essaye de nous faire rêver via ses prouesses sur une planche à roulettes. Je dois dire qu’il n’est pas mauvais mais en fait, je retiendrai surtout qu’il est fagoté comme un existentialiste qui doit passer ses journées à lire du Sartre et du Beauvoir, et puis qu’il partage sa part‘ avec quelques-uns de ses srabs de chez Palace. J’en profite pour leur dire qu’ils devraient se mettre à la page : c’est fini le revival 1995, baggy et rap de type engagé politiquement pour le port de vêtement haute couture ! Alors dépêchez-vous de mater la vidéo Supreme et de vous refaire une garde-robe, bande de bouseux !
Tom Penny, switch pop shove it
Je vous conseille de ne pas regarder la part‘ de Tom Penny, vous allez vous faire du mal. Allez plutôt voir sa part‘ dans la vidéo Etnies High 5. Et puis il a le même problème que Karim Bakthaoui : il ressemble tellement à ces existentialistes férus de Sartre qui ont lu les mémoires de Simone de Beauvoir au moins dix fois. C’est dur de se mettre à leur niveau, on ne peut pas se projeter, d’un point de vue marketing, c’est zéro !
On retrouve ensuite une part‘ „melting pot“ qui à cette heure tardive où j’écris cette chronique me donne envie de dormir même si ça reste dans la lignée de la vidéo, à savoir des spots inconnus, des tricks „rue“ et de la musique en mousse.
Horsey et ben Raemers viennent me réveiller avec la meilleure part‘ de la vidéo. En fait j’aime bien Ben Raemers („no homo“), ce mélange de rue et de bowl fonctionne bien, et en plus il fait le meilleur trick de la vidéo : wallie to wallride sur un grillage. Et une part‘ de streeters qui se termine sur un McTwist, c’est quand-même „beau gosse“.
La dernière part‘, c’est Jak Pietryga mais il ne m’a pas convaincu, pour moi ce sera un „non“. Mais je reconnais que c’est quand même pas facile de faire rêver un trentenaire bedonnant comme moi qui n’a pas skaté depuis 3 semaines.
Pour finir je dirais que cette vidéo a au moins l’honneur de casser un peu mes préjugés sur les skatemans anglais et que si j’ai réussi à la mater en entier, elle devrait forcément vous plaire, sauf bien-sûr si vous faites partie des skaters stylés qui sont engagés contre les tricks et préférez mater des mecs faire des powerslides de nuit en écoutant du jazz. Je vous conseille plutôt d’aller taper „one man one jar“ sur votre moteur de recherche préféré, vous apprendrez plus de trucs que devant une vidéo de skate, à débattre de qui a le meilleur style et pourquoi il mérite d’être pro plutôt que Tom Penny…Sur ce, je vous laisse, je vais aller me poser sur un banc avec un duffel coat et une écharpe Burberrys pour lire l’autobiographie de mon philosophe préféré : La Fouine.
MDV
Ben Grove, tail drop kickflip, à voir dans la vidéo, tout comme les deux autres tricks.