Les tradeshows, c’est de la merde. C’est du moins ce qu’il est de bon ton d’affirmer quand on est cool. Moi j’aime bien les tradeshows et j’aime bien aller me tortiller l’arrière train dans les soirées organisées autour du Bright. Sans rire.
Le Bright au départ était un salon qui réunissait pratiquement que des marques de skate qui ne représentent aujourd’hui plus qu’environ 10% du „business“. C’est donc rempli de marques obscures qui rêvent de devenir le nouveau Palace et de types tatoués jusque derrière les oreilles. C’est assez bizarre au premier abord, mais on les oublie vite.
Je suis arrivé le lundi soir. Le Bright n’avait pas encore commencé que Nike organisait déjà un « wear test » avec Ishod Wair au Shelter (anciennement « skatehalle »). J’aurais pu vous en dire plus mais je n’étais pas invité. Moi qui d’habitude, suis convié à toutes sortes de mondanités et qui, tel un caméléon des temps modernes m’adapte à toutes les situations, j’avoue, je l’ai mal pris. Non j’déconne. T’façon, j’avais pas pris ma board.
Le lendemain, le Bright et ses festivités officielles commençaient. Même que les fameux BESA (Bright European Skateboard Awards) avaient lieu le soir-même. Mais avant ça, Adidas m’invitait au lancement du pro-model de Skin Phillips (rédacteur-en-chef de Transworld) qui m’a fait rater le contest de l’année : le Element Barrel Jump Challenge. Heureusement, magie de l’internet, j’ai pu me rattraper sur Instagram en léger différé et ce matin sur Free. Bon, je ne sais pas si j’aurai les épaules de porter la paire de Adidas avec écrit « Skin » dessus qui m’a été offerte, et même si, ne nous voilons pas la face, le dîner, les chaussures, au fond c’était pour nous amadouer, nous, les médias, il faut bien avouer que ça m’a redonné l’espoir de voir moi aussi le jour de mes cinquante et quelques années, mon nom inscrit sur une chaussure de skate ! Ce qui est sûr, c’est que j’ai piqué des sous-boks avec la tête de Gonz dessus en partant.
Pfanner : BOTY (barrel of the year)
Probablement pour tuer tout le monde dès le départ, la fameuse soirée des BESA avait été programmée le premier soir. Bon, par contre, les awards, „c’est de la merde“. C’est du moins ce que j’ai entendu de la bouche de quelqu’un qui pas plus tard que l’année dernière était monté sur scène récupérer son trophée et que j’ai pu croiser pendant la cérémonie qui, soit dit en passant, était plus proche d’un concert de punk que de la remise des Oscars (ce qui ma foi, m’allait très bien). Personnellement, les awards, ça m’amuse. Enfin, ce qui m’amuse surtout, c’est de passer une soirée avec tous ceux qui participent, d’une manière ou d’une autre, à l’évolution du skate en Europe. Les récompenses, honnêtement, je suis aussi content quand c’est moi qui les reçois (on avait gagné en 2013 avec Soma) que quand ce sont mes potes. Et je ne dis pas ça parce que A Propos était nominé et parce que je me suis fait niquer par les mecs de Solo… La seule qui va être déçue dans cette histoire, c’est ma mère. Même si j’avais voté pour « moi », je suis bien content pour Solo. Pareil pour Alex Pires, qui est reparti avec l’award du photographe de l’année. Pareil pour Nozbone, shop de l’année, pareil pour Isle, marque de l’année. Mais le clou du spectacle, c’était quand-même le grand retour du plus grand fêtard de tous les temps, à qui il faudra penser un jour à donner un award d’ailleurs, j’ai nommé David Martelleur et son alter-ego tout aussi poilu Danger Dave.
Dans une moindre mesure (comparé à la présence du Roost), les organisateurs avaient aussi eu la bonne idée d’organiser un « skate karaoké » dans une petite salle attenante, avec, vous l’aurez compris, que des chansons utilisées dans des vidéos. Le karaoké, c’est toujours un peu bizarre au début. Personne n’ose vraiment y aller, les micros restent désespérément seuls jusqu’au moment où tout se décoince et où ceux-ci s’arrachent. Suffit juste qu’une chanson fasse l’unanimité et la soirée bascule. L’alcool aidant, toute inhibition disparaît pour finalement laisser place à une partouze vocale où l’on y laisse bien souvent une ou deux cordes, ce qui fut mon cas, aussi que celui de mon acolyte Fredd qui portait la même chemise que moi. C’est dingue. Comble du hasard, Converse, qui nous payait l’hôtel ce soir-là, nous avait foutu dans la même chambre, croyant pouvoir nous réconcilier définitivement et ainsi éviter d’avoir à passer de la pub dans deux magazines différents… Sauf que Fredd et moi, c’est un peu comme Pierre Richard et Depardieu, après avoir fait des trucs ensembles, on tente la carrière solo… Enfin, bref, comme au bon vieux temps, une fois à l’hôtel, on a refait le monde (du skate) jusqu’à pas d’heure en vidant le mini-bar (et on a tout mis sur le compte de Converse, sans scrupule).
Le mercredi, malgré une température bien en dessous de zéro, on n’était pas frais. On s’en est allé chacun de notre côté « faire du business » au Bright et puis on s’est retrouvé dans un ancien crématorium pour un événement Converse où avait été construit un bowl pour l’occasion. On s’est encore fait offrir une paire de chaussures, on a bouffé et bu (de l’eau) à l’oeil et on s’est posé à une table où on a de nouveau refait le monde (du skate, toujours), cette fois en compagnie de Thibaud Fradin et Alexis Papadopoulos. J’aurais dû prendre des notes tellement qu’on était bons. A un certain moment, je me suis esquivé sans rien dire à personne et je me suis retrouvé dans un bar où était organisé un skate-quizz par les mecs de Pop Trading co, une boîte de distribution hollandaise. À peine avais-je mis un pied dans le bar que je me suis fait happer par l’équipe des Blobys qui visiblement avaient besoin de mes connaissances illimitées en matière skateboard culture. Bizarrement, on n’a pas gagné, mais je dois dire que c’était vraiment sympa. Ouais, sympa. Ça faisait surtout du bien de passer la soirée à réfléchir, comparé à la veille…
Le jeudi, je suis allé faire du tourisme. J’ai rendu visite à Ente et Sergej Vutuc chez Search & Destroy, bouffé avec ce bon vieux Jo Peters, et j’ai même croisé Alexis Zavialoff. Si ce nom ne vous dit rien, ce n’est pas bien grave, mais si vous avez un jour croisé sa route, sachez qu’il est toujours dans les bouquins, qu’il va bien et que malgré le temps, son regard pétille toujours lorsqu’il met la main sur un mag de skate. Ça fait plaisir.
Bref, pensez ce que vous voulez des tradeshows et autres mondanités skateboardistiques, le fait est que tout ça a le mérite de faire se rencontrer, discuter, travailler, divertir des gens qui s’activent pour le skate. J’y retourne cet été. Et si vous, de quelque façon, êtes impliqué dans le skate, venez aussi. Pour me trouver, cherchez du côté du karaoké, je suis l’un de deux types avec la même chemise.