Se faire virer d’un spot de street est à peu près normal. Se faire embrouiller par des parents irresponsables venus faire paitre leurs gamins dans le skatepark du coin l’est moins. C’est même très frustrant. Un essai de Florian Debray (photos incluses).
Dimanche soir, de retour de session. Il a fait beau toute la journée, un grand soleil, un ciel dégagé et une légère brise. La première partie de l’après-midi était vouée à une mission street, pour terminer gentiment dans un skatepark aux belles et douces courbes. Tout s’est déroulé à merveille : les tricks ont été rentrés, les images sont bien au chaud dans leurs boites et il y a même quelqu’un qui aurait « dropé » un fabuleux petit « edit » sur « insta », pour parler dans notre jargon ultra-connecté. Malgré tout, une ombre vient noircir le tableau : plus tôt dans la journée, vous vous êtes bien pris la tête avec un groupe de jeunes mamans ayant élu domicile en banlieue parisienne et qui ont eu l’excellente idée d’amener leurs enfants dans le skatepark du coin afin de passer un moment en famille. que nous appelons aussi les « cassos de banlieue ». C’est plus facile à retenir. Et loin de moi l’idée de dénigrer la banlieue parisienne car j’y ai vécu toute ma vie.
Mais pourquoi tant de haine envers ces charmantes familles, alors qu’elles pensaient bien faire en emmenant leurs jeunes marmots dans le skatepark le plus proche, tout cela dans avec l’objectif louable d’initier leurs bambins aux sports de glisse ?
„VOUS FAITES CHIER LE MONDE.“
Déjà, pour commencer avec la raison la plus simple : c’est totalement irresponsable, et cela relève d’une véritable ignorance de la définition du mot « danger“. Comme l’a très bien résumé notre Jibz (Joseph Biais) international : « ton kid veut apprendre à faire du surf, tu l’emmènerais sur des spots où les vagues sont gigantesques ? ». L’accès à un skatepark est quelque chose de réservé aux initiés, aux personnes qui savent pratiquer ne serait-ce qu’un minimum, qui comprennent le « fonctionnement naturel » du lieu en sachant lire le comportement des autres, et en sachant aussi anticiper les situations qui peuvent se révéler dangereuses. Le fait d’emmener son mioche avec sa trottinette alors qu’il se sert des quarters comme de toboggans, non, désolé mais non, ce n’est pas utiliser le park à bon escient, ce n’est pas l’initier à quoi que ce soit, c’est purement et simplement de la pollution d’espace public. En d’autres, mots, vous faites chier le monde.
On s’y attendait un peu, l’argument opposé au mien ne s’est pas fait attendre : « Et toi, quand tu as commencé, tu faisais ça où ? » … Eh bien, désolé de vous apprendre que c’était dans la rue, devant chez mes parents sur le trottoir. Figurez-vous mesdames que le skatepark était trop loin et que j’étais assez intelligent pour comprendre qu’il était inutile d’y aller sans même savoir tenir debout sur une planche. La rue c’est l’endroit où tout jeune skater „normal“ à commencé et où TOUS les kids devraient débuter. Forcément la rue parait « dangereuse » à cause des voitures et des cailleras en jogging München Bayern, donc un skatepark semble logiquement plus approprié pour apprendre puisque « c’est fait pour ça » … En toute simplicité, inutile de pousser le raisonnement plus loin : Qu’est-ce qui est le plus dangereux entre un trottoir où des gens marchent pépouze et un skatepark ou des mecs balancent leurs boards dans tous les sens en roulant à fond ?
Les enfants sont des êtres incontrôlables et fragiles, et vous les lâchez dans un endroit où le sol est fait de béton, où des mecs roulent à fond sans avoir conscience du danger qu’ils représentent, et en plus de ça vous laissez à vos enfants une trottinette qu’ils ne savent même pas maitriser ? Elles n’ont jamais dû voir un enfant se prendre une board en pleine gueule les mémères : c’est moche. Je vais finir par m’y mettre à force, mais nous savons déjà qui sera tenu pour responsable des 17 points de suture du petit Jordan…
Deuxième partie de la dispute, qui m’a un peu étonné : nous les « grands » sommes des gros cons car nous ne laissons pas la place aux plus jeunes et nous n’essayons pas de les aider. J’admets que les skaters sont très sectaires d’une façon générale, mais vous pensez sincèrement qu’il est possible d’adopter un comportement philanthrope quand vous essayez d’expliquer aux enfants qu’il faut faire un peu attention à ce qu’ils font et que leurs parents ne bougent pas le petit doigt ? Quand il faut expliquer aux enfants qu’il ne faut pas faire du foot dans le skatepark ? Qu’il faut répéter 20 fois à chaque enfant de regarder où il va ?
„JE HAIS LES ENFANTS !“
C’est absolument faux de considérer que tous les skateurs n’essaient pas d’aider les kids, et je parle de ces kids qui essaient de skater de manière « sérieuse ». Les skateurs sont les premiers à filer des coups de main aux gamins qui ont un peu de bonne volonté, simplement parce qu’on a tous débuté de cette façon, en étant un stupide enfant aidé par les plus grands. Donc mesdames, ce n’est pas en chiant sur les plus expérimentés et en autorisant vos marmots à faire n’importe quoi que nous essaierons de relever vos mioches quand ils se prendront une tôle sur la pyra, vous pouvez en être sûres ! En plus d’être totalement abrutis, vous n’êtes pas capable de réaliser à quel point votre attitude est nuisible pour tout le monde… Pour terminer en beauté, elles m’ont balancé que moi aussi j’ai été enfant et donc que j’étais aussi con que leurs mioches, que ça pouvait choquer les mômes lorsque je criais « je hais les enfants !» (alors que j’aurai bien pu crier « le Père Noël n’existe pas !»). On m’a même traité de « fils à papa pourri gâté »…
Au final, il est temps de tirer des leçons de cette dispute, car j’ai vraiment pris le temps d’écouter les arguments de leur côté et j’étais même d’accord avec certains points qu’elles soulevaient. Il est vrai qu’il y a un manque d’infrastructure pour les kids, des sortent de « pistes intermédiaires », ou du moins quelque chose qui y ressemble. Ça remonte à quand la dernière fois que vous avez vu des aires réservés au débutants dans les parks ? Pour ces parents le choix n’est peut-être pas si évident, alors qu’ils n’ont qu’un seul objectif : satisfaire leurs mômes en assurant leur sécurité.
Je pense que des solutions restent à étudier : construire des parks en deux parties, un peu comme les deux bains de la piscine. Et pourquoi ne pas respecter des horaires ? Avant 14h pour les moins de 14 ans ; après 14h pour les plus de 14 ans. Est-ce que ça fonctionnerait ? Peut-être qu’en plus de cela, il serait intelligent d’aménager plus régulièrement ces fameux « cours de skate », ce qui permettrait de sensibiliser les parents à notre pratique d’une autre manière et d’éduquer les kids aux bonnes pratiques du skatepark (accessoirement, ça permettrait de nourrir les skateurs les plus fauchés)… Je reste ouvert à toute proposition qui permettraient d’éviter au maximum les coups de gueule avec des parents aveuglément amoureux de leurs enfants, à tel point qu’ils en oublient le caractère élémentaire de ce qu’on appel le « bon sens » ; parce que nous, tout ce qu’on veut c’est profiter d’une session un dimanche, tranquille, sans avoir à s’inquiéter de faucher un môme.
Deux choses sont à retenir de cet après-midi :
1 – allez skater en street, vous avez moins de chance d’être emmerdé par des morveux ;
2 – Jacques Martin disait n’importe quoi : les enfants ne sont pas formidables. C’est de la merde.
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