LES FICELLES PICARDES: LE REPORT

Pour leur 20éme édition les Ficelles Picardes ont pris des allures de jeux du cirque. Une idée de Bibi (AKA Kévin Masson) heureusement plus influencé par le Dime Glory Challenge que les Jeux Olympiques. Bien-sûr l’indétrônable Bernard „HomerBD“ Daburon était présent avec son célèbre mégaphone comme la première fois en 2003. Vannes foireuses et noms de tricks approximatifs assurés ! (Ne change rien Bernard !) Vingt ans que ça dure ce joyeux bordel, chaque 1er mai dans les rues d’Amiens. Même la police municipale semble avoir fini par tolérer l’évènement avec le sourire. Pour fêter ça en version „2 salles, 2 ambiances“ on a posé quelques questions aux 2 „organisateurs“ plus ou moins officiels. Histoire de voir comment ces incontournables de la scène locale voient la chose. Ave Bernard ! – PAR VALERY BLIN

Photo : Cyril Ducroquet

Bernard „HomerBD“ DABURON

„JE NE L’AVAIS PAS VU VENIR !“

C’est quoi les Ficelles Picardes pour toi ?

La seule et unique session/contest de rues de Picardie. Vient qui veut, roule qui veut tous les 1er mai dans le centre d’Amiens.

Quel est ton premier souvenir des Ficelles Picardes ?

En 2003 on se demandait déjà si le street allait survivre par chez nous. Le harcèlement policier, les amendes parfois lourdes n’invitaient pas le jeune rider à rouler dans la rue… Donc j’avais organisé un peu plus tôt chez moi à Beauvais une grosse session skateboard street qui s’était moyennement passée. Ok, il y avait beaucoup de streeters motivés mais un temps bof bof, des spots plus ou moins ‚roulables‘ et surtout des embrouilles avec des racailles. Bref, pas terrible. Alors quand on s’est retrouvés à Amiens à la MACU (lieu du RDV) le 1er mai 2003 sous un beau soleil picard (si, si ça existe) avec tous les skaters de la région plus ceux du Nord-Pas-de-Calais, de Normandie et d’Ile-de-France on s’est tous dit : “C’est trop bien ! le street n’est pas mort chez nous… au moins le 1er mai !”.

Le meilleur et le pire dans les Ficelles Picardes ?

Le meilleur : Lorsqu’il il fait beau tout le temps, autant dire pas souvent. Ha ha ! Quand tout le monde se motive à fond et a le sourire. Quand personne ne se nique de la journée. Le pire : Quand tout le monde est prêt à partir streeter dans le centre-ville mais et qu’une grosse pluie façon „mousson tropicale“ vient tout gâcher et tout niquer. Fuck la pluie ! Même les rares embrouilles avec les keufs ne font pas partie des pires souvenirs.

Clément Huret, kickflip. Photo : @Foolek_creations

Qu’est-ce que tu retiendras de l’édition 2023 ?

Ils m’ont surpris les gladiateurs Amiénois (l’équipe à Bibi) ! Je ne l’avais pas vu venir. Ajouter des modules sur des spots où on avait déjà tous pensé à des „améliorations“ et puis commenter déguisé en empereur romain pour moi, c’est des souvenirs pour la vie. Niveau skate les p’tits jeunes curieux et motivés, élevés au skatepark, m’ont bien fait plaisir… En quelques essais, ils sortent les tricks de haut niveau avec leur casque de jeune rider. Comme quoi les skateparks c’est pas mal aussi. Mais heureusement il y a toujours des anciens, enfin des jeunes anciens (comprendre des trentenaires) pour maintenir la tradition du skateboard de rue. Bravo à eux.

Tu l’imagines comment l’édition 2024 ?

Là tout de suite je ne sais pas trop… Laisse-moi le temps d’y réfléchir. J’adore l’idée d’ajouter des modules sur le parcours. Ca renouvelle le challenge et apporte de nouveaux tricks toujours dans un esprit session/contest ouvert à tous en mode bordel organisé. Faut dire qu’en 20 ans, on en a vu des tonnes de tricks dans le centre-ville d’Amiens !

Virgil Dubois, hardflip BS 180. Photo : Valéry Blin

Que penses-tu des contests en général ?

Si tu parles des compètes classiques, je supporte de moins en moins les longues séances de qualification tristounettes. C’est long et ennuyeux en général. Allez direct de l’échauffement aux finales vu qu’on sait tous qui sera dans le tiercé gagnant ! Par contre si tu parles de la session/contest façon „wild in the streets“ j’adore. J’aimerais tellement voir plus de grosses sessions avec contest (ou best tricks) dans les rues sur des vrais spots de skate.

Tu seras devant ta télé, ou carrément dans les gradins, pour le skate aux JO de Paris 2024 ?

Dans les gradins j’ai essayé, plus de place après le tirage au sort de mes couilles ! Donc à la télé je pense. Si c’est Greg Poissonnier qui commente ça me va !

Photo : Cyril Ducroquet

Kévin „Bibi“ MASSON

„ON CONTINUERA À RIGOLER QUOI QU’IL ARRIVE“

C’est quoi les Ficelles Picardes pour toi ?

Un mélange douteux entre manifestation de gauchistes réactionnaires, une rave bruyante de jeunes loosers sympathiques sur fond de destruction du mobilier urbain, avec une touche de JO… En vrai pour moi c’est le jour de celui qui arrive à montrer qu’il est le plus fûté de la bande.

Quel est ton premier souvenir des Ficelles Picardes ?

Une sacrée ambiance, beaucoup de monde qui skate librement dans la rue, des rencontres qui restent, des mecs qui se balarguent avec tous types de classe, une belle bamboche ! En gros des étoiles dans les yeux et un truc qui ressemblait à un „americane drime“ pour des campagnards comme nous.

Camille Martin, FS wallride. Photo : Valéry Blin

Le meilleur et le pire dans les Ficelles Picardes ?

Le meilleur : Bernard et son mégaphone. Le pire : Bernard et son mégaphone.

Qu’est-ce que tu retiendras de l’édition 2023 ?

Que la jeunesse pousse. Que les vieux sont toujours là. Que le skate n’est pas mort et qu’on continuera à rigoler quoi qu’il arrive…

Tu l’imagines comment l’édition 2024 ?

Avec plus de sourires, avec plus de participants de tous niveaux, plus de spots, plus d’audace… Des idées folles, des collabs et avec un before, un after, un after du before et un before de l’after.

Paul Juillard, boardslide. Photo : Valéry Blin

Que penses-tu des contests en général ?

Je pense que, comme d’autres choses, ça a toujours existé et qu’il faut juste être un peu prudent avec tout ça, pas que ça devienne „extrême“. Il y a de bonnes choses à prendre comme le fait de voyager, faire des rencontres, progresser sur certains aspects. Pour le mauvais côté, je trouve que c’est un peu trop la fabrique à robots. Et je pense que, surtout jeune, si tu n’as que tes résultats en compétition, la gloire ou la thune comme motivation, tu peux facilement vriller d’une manière ou d’une autre. Je reste plutôt confiant sur le fait qu’on garde la culture skate telle qu’on la connaît. Il n’y a pas que l’aspect compèt‘ qui prend de plus en plus d’ampleur, mais si on fait l’analogie ça n’a pas empêché certaines autres cultures ou courants musicaux de garder leur influence initiale et de porter les mêmes messages, au moins pour une partie.

Tu seras devant ta télé ou carrément dans les gradins pour le skate aux JO 2024 ?

Ce sera pas une priorité d’être devant un écran, mais j’y passerai forcément, au moins pour voir ce qu’y feront nos frenchiz. Après, si on nous invite et qu’il y a des petits fours, forcément on vient pour l’interview et les photos… Et vous, vous serez là pour les FP 2024 ?

Photo : Valéry Blin

Merci aux sponsors : Element, Paradise skateboards, 13 skateshop, Le Petit Shop Unity.