À la suite du texte de l’année dernière, on aurait pu croire que la fédé aurait ‚canceled‘ Guillaume Colucci à jamais de la grande Histoire du skateboard français sauf que les instances officielles, contre tout attente, ont préféré lui donner du grade et lui confier cette année le poste officiel de speaker (qu’il s’est vu partager avec Loïc Benoit, également auteur des photos ci-dessous), espérant peut-être échapper à la version écrite. C’était sans compter sur la vigilance du service juridique d‘A Propos qui décida que l’évènement méritait un autre écho que les beuglements inaudibles qu’il a pu lâcher lors de ce désormais incontournable Slappy Challenge. – DT
Salut les tocards !
Je suis sincèrement désolé de vous faire parvenir ces quelques lignes sur le Slappy Challenge 2023 seulement maintenant, mais j’ai une vie en dehors de mon poste de reporter sans salaire au sein de la rédaction À Propos. Je vous avoue avoir été essentiellement occupé par mon anniversaire, du bricolage sur mon vélo, un peu de skate, le revisionnage de Mad Max et la lecture d’un nouveau magazine de skate français qui aurait dû s’abstenir de voir le jour.
Plusieurs événements majeurs ont eu lieu durant le week-end du 15 septembre dans notre beau pays :
À Marseille où une poignée de skateshop en quête de gloire se disputaient la place pour une future défaite aux finales du Vans Shop Riot. Et à Lyon, berceau de la quenelle et du tirage de gueule, où avait lieu l’édition 2023 du Slappy Challenge, toujours organisé par Film Trucks et Wall Street Skateshop.
Je vous préviens tout de suite, mon week-end à été beaucoup moins arrosé que l’année dernière en compagnie de mes mangeurs de fondue. Gratien fait maintenant le cacou à plein temps en Ferrari à Monaco et Val est enfin amoureux d’une fille qui a étonnamment son âge. Arno quant à lui, avait décidé de ne pas “se découper”, dans l’espoir de briller sur sa planche et d’être remarqué par Arthur de Free Skate Mag et pourquoi pas au passage, “faire un billet”.
Déterminé à quand même me fendre la poire, je rejoins Arno à Lyon dès le vendredi après midi, car l’organisation avait prévu une session “warm up” au DIY de Fleurieu, sur fond de Jazz bordélique et sandwichs minutieusement roulés sous les aisselles par Titi notre chef cuistot, mi anarchiste, mi exhib. Tout le monde s’éclate pendant que Julien Bachelier se fait filmer avec une caméra 360 et une perche télescopique par l’entraîneur assistant de l’équipe de France de skateboard, Mathias Thomer lui-même. Précisons aussi la présence de la légende Pat Defruit, qui à tout juste 50 ans, en a encore sous le capot, ce qui ne l’excuse en aucun cas d’être un gros facho… Nous finissons au Voxx en se demandant comment cette soirée va se terminer. Arno préfèrera rentrer tôt, mais toujours plus tard que les montpelliérains, fidèles à eux mêmes, à l’exception d’un, qui brillera grâce à une appli de rencontre avant de se sentir pousser des ailes sur certaines épreuves du contest.
Malgré les tentations, je rentre en partageant le trajet retour avec Felipe Bartolome, sur fond de discussion littéraire bien trop profonde et développée pour mon état d’ébriété avancé. Comme le dit le grand sage et philosophe Roi Heenok, “je déteste lire, cela me donne des migraines, une page à l’heure ! ”. Arno couine durant son sommeil pendant que je m’endors en rêvant de noseslide…
Nous voilà enfin le samedi, jour de compet’ ! Le programme reste le même. RDV à 16h20 à Venice Lyon pour le début des hostilités. Arno et moi profitons du début de journée pour une salutation distinguée chez Wall Street et y retrouver Mika Gazon que l’on appelle aussi Mika Germond.
Après 1 sandwich, 2 falafels, 3 flans engloutis et une chambre à air changée, nous rejoignons les gars de Carhartt. On aurait pu faire le choix de rejoindre les gonz de Volcom, eux aussi en trip pour l’occasion, mais étant très calculateurs, nous avons jugé plus judicieux de se rapprocher de l’équipe aux vêtements de chantier, beaucoup plus hype que celle au cailloux. Après notre grattage de fame en bonne et due forme, nous voilà enfin arrivés à Venice.
Le contest bat son plein et seulement deux épreuves de slappy sont prévues cette année. Ce qui est quand même dommage pour un contest de slappy… Bastien Marlin, qui s’est tapé un aller-retour depuis Montpel’ dans la journée, repart un peu tristoune de voir ce contest initialement dédié au « non ollie », transformé en saut d’enceinte factice d’une marque d’amplificateur audio de mauvais goût, dédiée aux fans de guitar électrique et de rock ’n roll ringardos (bizarre que GG n’ait pas encore eu l’idée de faire des enceintes bluetooth estampillées Film Trucks d’ailleurs… ça ne devrait pas tarder). C’est un peu la foire à la saucisse, ce qui n’est pas pour me déplaire. Avec en cerise sur le ghetto, des fumigènes dignes du Stade de Gerland, tout droit sortis de la poche de GG, notre Jean-Michel Aulas à nous.
Ace Spelka, surtout connu sous son pseudo insta, et Robin Bolian en plein comeback se partagent le record de saut en longueur, avec une distance avoisinant les 6 mètres de long. Korahn Gayle, de passage dans le coin avec l’écurie Nike SB Europe, impressionnera toute l’assistance avec un switch ollie de ouf malade et un ollie “à l’aveugle” à travers les effets pyrotechniques de GG. Si on nous avait dit que les mecs de Nike SB étaient dans les parages on les aurait rejoint, plutôt que Carhartt cet aprem…
La mascarade enfin finie, une séance ciné dédiée à la vidéo Cliché Bon appétit a lieu dans un petit cinéma indépendant. Avec en prime une master class de French Fred, réalisateur de ce classique du skateboard européen. Arno et moi sommes aux abonnés absents, préférant aller aux 40 ans d’un pote à la Croix Rousse. Aucun regret, de toute manière la vidéo existe sur Youtube et ne contenant aucun footage sur les 25 marches, je ne vois pas ce que Fred pourrait raconter d’intéressant à propos de ce film… La soirée se poursuit une fois de plus au Voxx puis au jardin des plantes avec une bonne partie des skatos de la journée, posés à picoler dans l’herbe comme des babs du parc Paul Mistral, la slackline en moins. Heureusement les mecs de Volcom sont là. Même si j’aurais préféré trinquer avec Deedz, Blake Carpenter, Karsten et Jacopo, je me contenterais seulement de Matisse, Tom, Vince, Clément et César… On a les amis qu’on mérite.
Après avoir appris de nouvelles tendances verbales grâce à une partie des Platinium 38000, un crew grenoblois, plus concentrés à faire la fête que du skateboard (un peu comme les Josimards mais en plus nuls), nous rentrons ni trop tôt, ni trop tard avec Arno, déjà pourvu de remords d’avoir abusé de l’alcool durant cette soirée. Je m’endors laissant les appels d’Arthur et Nikwen en absence, pensant me retrouver sur une péniche en train de smurfer et distribuer des Chartreuse à tout l’équipage.
Réveil ensuqué avec Arno qui rate pour la 4éme année consécutive le brunch chez Wall Street où j’y retrouve mes piques assiettes de grenoblois, improvisant une partie de Yams sur le trottoir, se croyant à la maison, le didjeridoo en moins. Arno finira par me rejoindre à HDV où avait lieu comme l’année précédente plusieurs cash 4 tricks avec l’aide de différents modules, dieu merci, toujours pas décorés par notre autoproclamé “artiste-peintre visionnaire français” (rien que ça), Lucas Beaufort. Ce dernier devait être bien trop occupé à nous pondre une nouvelle chiasse sur un SUV ou sur une photo de skate avant d’essayer de la vendre à son propre photographe. Un grand merci à tous mes petits rageux qui continuent d’engranger ma haine gratuite, en m’envoyant des screenshots du compte insta de ce dernier, qui a trouvé malin de me bloquer, tel une ado avec un follower un peu trop insistant…
Nous ne verrons jamais Arno monter sur sa board de la journée, préférant se préserver pour le Toyota Park à Annecy. Le plus déçu sera Arthur De Free Skate Mag, obligé de combler son clip insta du jour par uniquement des mecs dégueux…
Une épreuve “early grab” est ajoutée à cette journée, laissant derrière elle un florilège de bonnes boîtes et un Mika aux anges par ce module pratiquement conçu pour lui. Robin, Flove, Arthur Fontis et Ben Koppl, plus connu lui aussi sous son pseudo insta, brilleront durant cette épreuve avec différents Christ Air, Method et 360 plus aérien les uns que les autres… Mention spéciale pour Le Yeah qui nous gratifie, avant d’aller transpirer son prize money au tandoori des pentes, d’un Cabalerial de très bonne manufacture !
Le week end se termine avec le traditionnel “saut des marches de la boulange” après que Titi ait pu récolter la coquette somme de 90€ dans le public, pour le best trick sur ledit spot. Malgré un acharnement de plusieurs têtes brûlées en échec sur les marches et de l’arrivée de la police pour mettre fin prématurément au festival de jeté de corps, c’est un écossais qu’on préfèrera oublier qui remporte le best trick avec un hardflip replaqué dans les dernières marches.
Je cherche une personne responsable pour rendre le mégaphone alors que l’organisation est déjà partie ramener les modules. Je finis par l’offrir à Titi avant d’aller rapidement saluer tous les copains puis rater mon train en partance pour la seule véritable ville Olympique au monde où la Fédé et autres vieux briscards du comité ne sont pas les bienvenus, je parle bien évidement de Grenoble.
Je vous laisse, je vais aller profiter des derniers beaux jours en compagnie des gens que j’aime, à qui je ne manquerai pas de dire à quel point j’ai de la chance de les avoir, sans oublier de les écouter et de les motiver dans leurs différents projets… même s’il s’agit de simplement “faire un billet” ! Tchao les bouseux !
–Guillaume Colucci (plus connu lui aussi sous son pseudo insta)
Les photos sont de Loïc Benoit et la vidéo est là.