Année olympique, 2024 aura vu une pluie de médailles et des retombées économiques massives s’abattre sur le skate en France, comme prévu. Paris a même hérité d’un skatepark digne de ce nom, la fédé a gagné des millions d’adhérents, le coach de l’équipe de France de skate a fini au gouvernement et les commentateurs officiels sont désormais titulaires chez Hanouna. Retour ces sur 12 mois historiques !
By David Turakiewicz
Après Danny Way, Chris Cole et Tyshawn Jones, Jamie Foy est le quatrième à être sacré Skater Of The Year pour la seconde fois. S’il est indéniable que Foy a tout défoncé en 2024, difficile de comprendre l’intérêt de refiler le titre deux fois à quelqu’un qui, dans tous les cas, a déjà son nom gravé dans le marbre de l’Histoire du skate, alors que bien d’autres auraient pu venir enrichir cette liste.
En matière de musique, 2024 aura été l’année du retour du metal dans les vidéos, à peine 3 décennies après que Pantera, Black Sabbath, Helmet, Sick of it all, Green Day et Agnostic Front aient été réunis dans une seule et même vidéo (Santa Cruz, Big Pants Small Wheels). Si tout se passe bien, il reste encore une petite dizaine d’années avant le retour des jeans slim…
On avait presque tendance à croire que le skate était une petite bulle de tolérance et de respect envers les femmes notamment, et puis la bulle a fini par exploser (en France) avec l’arrivée sur Instagram du compte „balancetonskateur“ qui comme son nom l’indique, a pour vocation de dénoncer toutes les violences faites aux femmes dans le skate. Même si cette bulle avait déjà été fissurée avec des rumeurs persistantes des certains pros américains (ou brésiliens) qui se sont maladroitement amendés (dont je tairai le nom ici uniquement pour éviter les éventuels procès en diffamation), cette fois c’est avec fracas qu’on peut prendre conscience, quasi quotidiennement, des agressions subies par les femmes (qu’elles soient « skateuses » ou non) de la part de skateurs. Si vous avez subi ou été témoin de VSS (violences sexuelles ou sexistes), ou en êtes auteur, désormais, @balancetonskateur veille.
Si au Royaume Uni (avec Grey, Skateboarder’s Companion, North, Free, Goblin…) et en Allemagne (avec Irregular, Bubble, Pocket…), la presse papier a encore de beaux jours devant elle, que se passe-t’il en France ? À part le timide Sundai (à peine un numéro par an), depuis la disparition de Sugar (à qui il faut quand même rendre hommage, même s’il faut bien avouer qu’on l’achetait surtout pour les stickers, hein…), le paysage médiatique est désormais à peu près aussi passionnant qu’un run de qualif à Tampa (AM ou Pro). Ajoutez à cela la fin de liveskateboardmedia.com et c’est comme si le skate français n’avait plus aucun intérêt (pour les annonceurs qui n’ont jamais compris qu’à long terme, une scène avait besoin de medias, et de la part des lecteurs qui ne comprennent plus l’intérêt d’avoir une trace physique de l’existence de leur propre scène)… On a ce qu’on mérite.
100€ la board Real, et jusqu’à 115€ la board FA ou même 120€ la board Welcome. Si jamais il y a des journalistes dans la salle qui ont le temps d’enquêter sur ce qui justifie des prix pareils, on est preneurs. Résultat, les skateshops ferment les uns après les autres au profit de plateformes internet impersonnelles ou d’enseignes sportives dont le groupe verse un milliard de dividendes et menace de supprimer des milliers de salariés…
Lakai, qui selon le nouvel acquéreur perdait de l’argent chaque année et a fini par se séparer de Mike Carroll et Rick Howard, Etnies/Es/Emerica (Sole Technology) qui est revendu à un groupe Suisse (Nidecker)… Pour ceux qui refusaient encore de porter des marques de sport (ou des marques issues de groupes côtés en bourse), ça devient compliqué. Sauf qu’il existe des nouvelles marques légitimes, assez confidentielles (underground ?) mais qui ont le mérite d’offrir des alternatives. Si voter (on l’a vu en 2024 en France) n’influence plus vraiment les décisions politiques, notre façon de consommer est bien plus déterminante. Chaque achat active les mécanismes économiques d’écosystèmes particuliers, et le skate en est un. A nous de voir ce qu’on a envie de soutenir, ou de subir.
Les bilans des années précédentes sont ICI.