A PROPOS DE 2022 – LE BILAN

Vous n’y échapperez pas non-plus cette année. Parce qu’il est important de regarder dans le rétroviseur parfois, voire même de tourner la tête pour éviter les angles morts et ne pas rater les extravagances qui ont marqué petit monde du skate en 2022. Voici le marronnier annuel d’A Propos, pile à l’heure, pour ne rien oublier !

NYjahCall fashion five-O 

Même s’il a toujours l’air d’en avoir 16, Kevin « Spanky » Long a 38 ans (d’après Wikipedia) et il faut bien avouer que l’année 2022 aura été de loin sa meilleure. Une ‘part’ Emerica, une Baker, une Ace et quelques bons petits ‘featuring’ ici et là, si le Spanky de l’époque City Stars était déjà un sacré phénomène, celui d’aujourd’hui aurait mérité un SOTY d’honneur pour toute sa carrière qui a bien failli s’arrêter trop tôt, en bon Pissdrunx…

En terme de mode, difficile de passer à côté de ce qu’on appelle dans le jargon du bobo cosmopolite les « Fashion faux-pas » tant ils ont été nombreux cette année. On comprendra cependant que l’instabilité générale du monde laisse aujourd’hui peu de place à la réflexion sur la façon de se parer face au regard des gens dans la rue, comme nous l’ont démontré Jamie Platt et Thaynan Costa, ou dans un tout autre registre Adrian del Campo. Trois exemples parmi tant d’autres qui ont provoqué l’indignation des plus grands stylistes de chez LVMH qui avaient trouvé dans le skate un nouveau moyen de faire la promo de leurs sac-à-mains à 3000 euros. Cependant, la palme d’Or du type le plus mal habillé, décernée par le président de la Fédé lui-même (n’allez pas croire qu’A Propos se permettrait quelconque jugement) revient pour la neuvième année consécutive à Nyjah Huston dont la tentative de legging dépareillé a démontré une certaine audace qui une fois de plus a fait l’unanimité.

En parlant de choix vestimentaires douteux, dans une vidéo publiée sur le site Thrasher début décembre, l’incroyable Tyshawn Jones dont le premier titre de SOTY en 2018 semblait l’avoir pris de court révèle qu’en réalité il avait travaillé en ce sens pour l’obtenir. Surprenant de la part d’un type qui semblait pourtant vouloir éviter la lumière des projecteurs et laisser son pop parler pour lui, ce qui était tout à son honneur. Finalement, le but avoué dans cette vidéo où il expose sa stratégie pour mener à bien son rêve ultime n’était autre que de se payer une Lamborghini. Rappelons qu’une Lambo coûte au moins 200 000 euros, qu’on ne peut légalement pas rouler à plus de 120km/h aux Etats-Unis, que ça consomme au moins 13 litres aux 100 en rejetant jusqu’à 370g de CO2 au kilomètre (environ 3 fois plus qu’une voiture « normale »), que c’est probablement un outil imparable de séduction auprès d’une certaine population mais que c’est quand-même le meilleur moyen de passer pour un connard en 2022… Les vrais SOTY (ceux du coeur), eux, roulent en Limosine et s’appellent Cyrus Bennett et Max Palmer, enfin, à c’qu’il paraît !

SOTY22KFOTY

L’année 2022 aura aussi été marquée par le nombre de personnes jusqu’ici jamais atteint ayant adopté des Jordan pour faire du skate, de l’amateur aux pros. Les plus anciens diront que c’est le cas depuis toujours ce qui est bien évidement faux car s’il était commun de croiser la version montante de la Jordan 1 à la fin des années 80, on n’en croisait depuis que très rarement sur une board, jusqu’à maintenant. A se demander si tout ceci n’est pas une stratégie marketing de chez Nike pour mettre un terme à SB, ou si c’est la nature du skate à entretenir le paradoxe qui a poussé à rejeter ce SB (qui en réalité n’intéresse plus que les collectionneurs de Dunk aujourd’hui…). Allez savoir.

Après que 2021 ait été l’année du renouveau de Ace trucks (et de son écrou rouge bien utile), l’année 2022 aura été marquée par l’arrivée de nouvelles marques sur un marché dominé par Indy, Venture et Thunder depuis trop longtemps. Si Film commence à se faire une petite place en Europe, il faudra désormais compter avec Lurpiv, la marque lancée par Oski, fabriquée en Suède (dont la rumeur raconte que l’usine qu’il avait choisie a dû fermer juste après la première production…) et vendue à 90€ la paire en France, ainsi qu’avec Slappy trucks, la marque de Mike Sinclair (qui bénéficie d’un gros capital sympathie aux US). Et on n’oubliera pas de citer des alternatives plus anciennes pour finir ce paragraphe : Royal, Crail, Polster, Krux…

S’il n’a rien inventé, il est tout de même raisonnable de dire que Bill Strobeck, depuis le renouveau des vidéos Supreme au tournant des années 2010, a apporté quelque chose dans la façon de filmer et de monter une vidéo de skate. Visiblement la HD l’aura inspiré, et il aura exploité ses gros plans et autres ralentis à l’extrême jusqu’à provoquer l’indignation des boomers de province et même de filmeurs Parisiens raisonnables. Une prouesse artistique pourrait-on dire qui rappelle un peu Cloaca, l’oeuvre de Wim Delvoye créée en 2000, année de sortie de la vidéo Photosynthesis, dans laquelle le jeune Bill poursuivait déjà Jason Dill avec sa VX1000. De là à dire que l’un a inspiré l’autre, il n’y a qu’un pas.

CLOCLOCloaca

Toujours en matière de vidéo, la petite révolution sera venue de filmeurs talentueux comme Ben Chadourne, entre autres, qui aura su faire usage à la perfection de la bonne vieille technique du « front filming » qui consiste à filmer une ligne de face. Entendez par là que le filmeur se positionne devant et doit pouvoir cadrer le skateur à sa poursuite dans son fisheye tout en regardant devant lui. Une technique dangereuse et plutôt rare dans les vidéos qui aura eu tendance en 2022 à se développer apportant un dynamisme sans pareil dans les récentes productions, le meilleur exemple étant cette ligne de Louie Lopez qui à défaut de lui avoir fait gagné le titre de SOTY, aura donné celui de FOTY à Ben, décerné par toute la rédaction de A Propos, service comptable inclus, bien entendu.

En terme de tricks, après avoir validé les street grabs en 2021, les conventions internationales ont fini par tolérer les lignes contenant plusieurs fois le même trick, comme on a pu le voir je ne sais plus où mais un sacré paquet de fois en 2022. On peut même dire que c’est assez marrant en vidéo, mais il ne faudrait pas non-plus que ça devienne une habitude… Sauf qu’à l’heure où l’on vous parle, la mode est déjà probablement passée, donc tout va bien. Celle des road gaps to 50-50, lancée par K-Rod il y a quelques années par contre, semble avoir cette fois bien pris et commence à peine à devenir relou. Reste à savoir combien de temps ça prendra pour que ça le devienne vraiment !

Du coté de la France, les révélations de l’année (toujours selon la rédaction d’A Propos et de son comptable bien aimé mais néanmoins un peu chauvin) auront été Juan Renoux, César Dubroca, Lucien Genand et Etienne Turnbull pour leur générosité en terme de bons tricks. Ok, César on le connaissait déjà depuis un moment mais il était jusque-là resté discret et on peut dire que 2022 aura dévoilé son pop incroyable… Un peu comme Simon Volpoët qui avait gagné le Teenage Tour en 2006, qui s’est ensuite fait oublier pour aller bosser chez Décathlon puis est revenu cette année dans le droit chemin avec une part’ solide et une interview (Sugar ?) de bonne facture. Côté skate féminin, si aucun nom en particulier n’a su émerger depuis les JO, on retiendra surtout le fait que la scène s’émancipe notamment avec le boulot que font des associations comme Realaxe à Paris ou Skateher à Biarritz, le magazine Magdezine (premier numéro sorti en février 2022) ou même la Fédé (sans rire)… Dans un registre plus international, il semblerait que Noah Mahieu, dans sa conquête de l’ouest, ait rapidement été adopté par les cowboys de chez Welcome tout comme Hugo Corbin (chez Maxallure) dont la production de footage hebdomadaire reste, il faut bien l’avouer assez impressionnante. Et on terminera par citer Vincent Milou qui lui s’est quasiment émancipé de son passé de contest boy en enchainant les parts et les couvertures de magazines, et qui s’est même finalement fait embaucher chez un gros « équipementier » après toutes ces années de bons et loyaux services chez Globe.

abdouAbdou, where are thou?

Par contre on reste sans nouvelle d’Abdoulaye M’Baye et c’est probablement la seule chose importante qu’il faut retenir parmi toutes ces conneries. Abdou est un kid de Bayonne arrivé à Paris au début des années 2000 avec un bagage de tricks techniques et une classe incontestable. Malheureusement des problèmes familiaux et surtout pas de chance l’ont envoyé de foyer en foyer et on a perdu sa trace il y a un bon moment. Si quelqu’un l’a croisé sur un spot ou ailleurs, merci de nous le faire savoir.

Les bilans des années précédentes, c’est .